Dysfonctionnement de la Justice :  L’intersyndical des greffiers tient le ministre Bagoro pour seul responsable

Dysfonctionnement de la Justice :  L’intersyndical des greffiers tient le ministre Bagoro pour seul responsable

L’atmosphère au sein de l’appareil judiciaire n’est pas des plus belles. Après le mouvement d’humeur qu’ils (greffiers) observent pour exiger du gouvernement la mise en œuvre des décrets d’application de la Loi N°054-2012/AN du 18 décembre 2012 portant statut du personnel du corps des greffiers, l’intersyndical revient à la charge. Dans cette lettre ouverte adressée à son ministre de tutelle, il dénonce le manque de volonté et accuse le ministre en charge de la Justice René Bagoro d’être le responsable de la situation de blocage que connaît l’appareil judiciaire burkinabè.

Monsieur le Ministre,

Nous, responsables du Syndicat des Greffiers du Burkina (SGB) et du Syndicat National des Greffiers (SYNAG), avons constaté le déclenchement, pour compter du vendredi 19 avril 2019, d’un mouvement d’humeur, par l’ensemble des Greffiers du Burkina.

Cette action, selon les informations reçues, a pour objet de dénoncer les multiples injustices que subissent les camarades dans l’exercice de leurs fonctions.

Comme vous le savez, depuis 2016, l’ensemble des greffiers du Burkina Faso vit une injustice liée au mauvais reversement dans la loi n°054-2012/AN du 18 décembre 2012 portant statut du personnel du corps des Greffiers. En outre, une dizaine de décrets d’application de ladite loi, validés depuis courant 2018, est en attente d’adoption par le conseil des ministres faute pour votre département de n’avoir pas pris les diligences nécessaires à cet effet ; rendant ainsi la loi inachevée.

En tant que STRUCTURES SYNDICALES RESPONSABLES, nous n’avons de cesse interpellé l’autorité sur la rancœur qui couvait au sein des juridictions du fait des manœuvres discriminatoires à l’égard du Greffier. En dépit de la gravité de la situation, nous avons toujours privilégié le dialogue pour la résolution des problèmes y relatifs.

Par ailleurs, nous avons maintes fois attiré votre attention sur la dangerosité des modifications unilatérales apportées, par vos plus proches collaborateurs, aux projets de textes après les travaux de validation des comités. Cela a été le cas avec l’avant-projet de loi portant organisation judiciaire et celui relatif à l’Agence Nationale de Gestion et de Recouvrement des Avoirs Saisis ou Confisqués (ANAGRASC).

Mais, comme par enchantement, la même méthode a été utilisée pour tripatouiller l’avant-projet de loi relatif au code de procédure pénale. Les greffiers en mouvement d’humeur constatent amèrement que «ces nouveaux princes intouchables» se mettent au-dessus des comités de validation et modifient les textes en fonction de leurs desiderata. Avec eux, les avant-projets de textes perdent leur caractère impersonnel.

Ces manœuvres dignes d’un autre âge ont toujours pour but de supprimer certaines dispositions concernant les greffiers. Elles doivent impérativement prendre fin.

Au regard de ces agissements peu orthodoxes, les camarades ont décidé de prendre leur destin en main en faisant leur, l’adage selon lequel «face à une injustice généralisée, il est injuste d’être juste». Face aux revendications légitimes clairement exprimées, nous responsables syndicaux constatons, avec stupeur, qu’au lieu de régler le problème, vos services ont décidé de passer par des menaces et des intimidations. En agissant ainsi, vous avez choisi, comme à l’accoutumée, de briser le thermomètre au lieu de soigner la fièvre.

L’intersyndical considère alors la correspondance n°2019-0509 du 19 avril 2019, de votre secrétaire général comme une provocation. En effet, au lieu d’être une piste de solution elle est de nature à radicaliser les positions et à envenimer la crise.

Au regard de la situation, l’intersyndical des Greffiers s’est réuni le vendredi 19 avril 2019 et a décidé de:

– tenir l’autorité pour seule responsable du dysfonctionnement du service public de la Justice ;

– inviter le Gouvernement d’accorder un traitement diligent et sérieux à la plateforme revendicative, notamment aux points relatifs à la reprise du reversement, l’adoption des décrets d’application de la loi 054/AN du 18 décembre 2012 portant statut du personnel du corps des greffiers et la transmission des versions non édulcorées des textes de lois incriminées à l’Assemblée Nationale.

Nous osons espérer que vous trouveriez les moyens adéquats pour résoudre le problème et désamorcer au plus vite la présente crise. Recevez l’expression de nos distinguées salutations.

Pour le SGB Pour le SYNAG

Abdoul Aziz KAFANDO Jean LANKOANDE

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