Elections en décembre en Libye : C’est bien, mais…

Elections en décembre en Libye : C’est bien, mais…

La France ferraille dur. Il faut que l’accord du 29 mai tienne la route. Emmanuel Macron, entre les rideaux de problèmes de l’affaire Benalla, arrive à voir et à tenir à la réalisation du scrutin présidentiel et municipal en décembre 2018, avant que l’année 2019 ne pointe son nez et n’annonce de nouveaux jours sans nouveauté, ponctués de la guéguerre entre les deux Libye, striés par les tirs des milices, les exactions des terroristes et ces migrants qui ne cessent de passer entre les mailles du filet pour espérer un hypothétique eldorado en Europe, et plus précisément en France.

Voilà pourquoi le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian multiplie les voyages à Tripoli. Ce 23 juillet 2018, il y est pour la 3e fois. Il y a rencontré pratiquement tout le monde : à Tripoli avec Fayez al-Sarraj, le Premier ministre du gouvernement d’union nationale, et plusieurs autres responsables, à Misrata avec les dignitaires de la ville qui étaient absents lors de l’accord de Paris, et les responsables de l’Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar à Benghazi, et enfin le chef de la Chambre des représentants à Tobrouk.

Deux annonces essentielles aux lèvres. Il faut respecter le calendrier des élections. Et surtout, la France sera aux côtés des organisateurs, et plus concrètement, avec le nerf de la guerre. Un don d’un million de dollars qui passera par la caisse de l’ONU pour lui donner un cachet officiel. Sans conteste, Paris tient vraiment à ce que son accord ne reste pas que des lettres noires couchées inutilement sur du papier blanc et veut mettre fin à cette Libye débraillée, en guenilles et sans boussole, gorgée de terroristes et nourricière d’essaims de terroristes ; cette Libye défigurée  qu’il a, si l’on veut remuer la gadoue de l’histoire, à quelque part à mettre à genoux.

Mais voilà ! La France a-t-elle les moyens d’imposer un scrutin en Libye ? La baguette magique des fées ne semble pas fonctionner dans le monde peu féérique libyen. La même volonté pour aller à ces élections n’est pas la même que celle qui sert de carburant aux Français. Même s’ils hochent la tête d’approbation avec des sourires scotchés sur les lèvres, il n’est pas certain que les différents partis ne freinent pas des quatre fers, rechignant d’aller dans la direction de décembre 2018 ?

Il faut noter qu’à l’image des microbes qui adorent se baigner dans la charogne, la pacification et l’assainissement de l’espace social et politique de la Libye n’arrangent pas tout le monde. Les milices verront certainement l’instauration d’une autorité souveraine comme la perte des ressources sur lesquelles elles ont actuellement la main mise. Les deux « chefs » de la Libye devront se résoudre à perdre chacun leur pouvoir si jamais eux ou leur camp ne venait pas à remporter les élections.  Sans compter les tenants de ce véritable business qui a été créé sur le dos des migrants et les tentacules des terroristes qui peuvent avoir des ressorts et des ramifications à des endroits insoupçonnés de la manette politique et sociale.

Il faudrait donc compter sur l’hypothèse que la sagesse viendra habiter le cœur des différents protagonistes pour espérer un miracle en décembre 2018. Sans oublier que la tenue d’une élection ne signifie pas la fin d’une crise…

Ahmed BAMBARA

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