Situation cocasse et compliquée en effet que celle que vit la Guinée Bissau moins d’une semaine après le coup d’Etat dont la vraie histoire reste à être connue tant elle est entourée d’une épaisse brume de secrets et de non-dits.
Le déchu après son exfiltration sur Dakar a rejoint par la suite Brazzaville où à l’évidence il va poser définitivement ses pénates, car au Sénégal, il semble que le Premier ministre Ousmane Sonko ait modérément apprécié le pseudo- coup d’Etat et aurait été contre un séjour d’Embalo au pays de la Teranga. Une polémique a même enflé au sujet du célèbre impromptu bissau-guinéen. Finalement donc, le point de chute sera Brazzaville car les présidents Ouattara et surtout Denis Sassou- NGuesso ont été à la manœuvre pour l’exfiltration du proscrit.
Son successeur le général Horta N’Tam installe cahin- cahan son pouvoir : nomination d’un premier ministre en la personne de Ilidio Vieira Té, grand argentier et directeur de campagne d’Embalo pour lequel le Général Horta n’a tari d’éloges et de reconnaissance pour son dévouement à la tâche. Une équipe de 23 membres accompagnera le chef du gouvernement. La formation de cette équipe s’avère laborieuse car Catalina Tabora, nommée pour le portefeuille du Tourisme a décliné le poste. Ce gouvernement intervient aussi dans un contexte volatile avec un timide retour à la normale. Reprise des activités dans les commerces, ouverture de marchés, trafic routier assez régulier symptomatiques que la gueule de bois post-électorale fait petit à petit place au quotidien habituel. Mais aussi de tension prégnante avec des échauffourées entre les securocrates du régime et les militants du PAIGC dont le siège a été saccagé par des militaires.
Il est vrai que le coup d’Etat du 26 novembre intrigue, interroge et replonge la Guinée Bissau dans une sorte d’année Zéro. D’ailleurs, certaines langues se délient à l’image de l’ex -président nigérian Goodluck Jonathan à la tête de la Mission d’observation du Forum des Sages de l’Afrique e l’Ouest. Coincé à Bissau, il a été évacué illico presto sur Abidjan puis sur le Nigéria grâce aux bons soins du chef de l’Etat Ahmed Bola Tinubu ; Goodluck a ainsi résumé ce qui s’est peu ou prou passé : pour lui, Embalo a annoncé avec son portable aux médias et à certains présidents le coup d’Etat en téléchargement donc avant même son avènement. « Ce n’est pas un coup d’Etat » affirmera -t-il en ajoutant que du haut des ses 70 ans il connait ce qu’est un vrai coup qui ne laisse place à aucun commentaire du déchu à fortiori lui laisser son portable pour parler à la presse et à des présidents ! Goodluck demande d’ailleurs la publication des résultats des élections. Difficile qu’il soit suivi.
L’ex premier ministre bissau-guinéen Aristide Gomes ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme que dès le 26 novembre au soir, Embalo avait en sa possession les PV de vote et s’était rendu compte de sa bérézina électorale puisqu’il avait perdu dans 4 des 6 régions.
En tout cas, la proximité du nouveau pouvoir avec Embalo cultive la suspicion sur la nature réelle de ce coup d’Etat.
Transition mode d’emploi qu’en sera-t-il en Guinée Bissau ?
Organiser des élections dans 1 an et avec qui ? Ce sera de toute façon avec les mêmes acteurs politiques notamment avec une opposition dont les leaders sont arrêtés où se terrent comme Domingos Pereira du PAIGC ou celui qui depuis sa cachette revendique toujours sa victoire, Fernando Dias. Un gâchis pour tourner en rond.
Le verrouillage politique et le coup d’Etat rendent difficile ce processus qu’on semble tailler pour que le bénéficiaire soit Embalo. Risquant, car il n’est pas certain que le Général Horta accepte in fine ce jeu de rôle. Des problèmes politiques à gogo en perspective.
Puis, il y a la lutte contre le narcotrafic cette éternelle vaine promesse de ses devanciers. Combat de Sisyphe car la drogue constitue selon plusieurs rapports et sources, un lourd et précieux viatique pour bon nombre d’apparatchiks civils et militaires.
Dans cette transition, les luttes entre factions rivales de l’armée risquent de s’exacerber davantage car le Général Horta a beau être issu de celle-ci, son ascension par ce canal peut regimber une partie des soldats surtout si véritablement il compte garder le fauteuil présidentiel au chaud afin d’organiser un retour d’Embalo par une présidentielle trompe-l’œil.
12 mois c’est un peu juste même pour les larges épaules du Général Horta pour relever tous ces défis et remettre un pays qui n’a jamais connu de longs moments de paix politique pour ne pas dire de paix tout court. Militaires et certains civils ayant pris la Guinée Bissau en tenaille pour en faire leur propriété privée.
Aujourd’hui Au Faso


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