Bien sûr personne n’est dupe : en temps de guerre les vendeurs d’armes se frottent les mains. Le business est florissant. On vend aux différents camps et tant pis pour les victimes. En période trouble, on ne regarde pas à la dépense pour la sécurité. Même lorsqu’il y a la paix celle-ci est adossée à la peur de la guerre. L’équilibre de la terreur n’a jamais été aussi prégnante !
Depuis plusieurs années en particulier depuis la chute de Kadhafi en Libye, le Sahel est troué de jour comme de nuit par des coups de feu, des bruits de mines qui sautent, des sols jonchés de cadavres et les images de terroristes et de djihadistes, arborant des armes de guerre en bandoulière et juchés sur des motos ce qui prouve à souhait qu’il n’y a pas que les armées régulières qui possèdent ces engins de mort. Selon un rapport circonstancié d’Amnesty International rendu public ce 23 août 2021, les armes utilisées au Sahel sont des vieilles AK47, communément appelées Kalachnikov, mais également quelques armes récentes ont été identifiées de fabrication serbe telles des M70AB2, M92 et MO5, provenant d’une entreprise serbe du nom de Zastava.
Groupes armés, ou d’auto-défense les utilisent. Selon l’ONG, ce sont des engins récupérés lors des sacs des casernements militaires, mais aussi au moyens de canaux divers, du fait de la porosité des frontières. Et Amnesty pousse la réflexion jusqu’à mentionner, qu’il se pourrait que ce soit des forces armées qui donneraient ces armes à des groupes armés et d’auto-défense contre rétribution. Une accusation gravissime s’il en est car cela reviendrait à dire qu’il y a un trafic d’armes incontrôlé qui irrigue le Sahel.
Indexés le JNIM, Dan Na Ambassagou au Mali et les VDP au Burkina, des pratiques qui couvrent la période 2018-2021. Mais qui sont les exportateurs d’armes officiellement ? Ce sont la France, la Slovaquie et le République Tchèque, et ironie du sort ces 3 pays sont sur la liste des pays dont les soldats devraient faire partie de l’opération Takuba censée remplacer Barkhane pour lutter contre le terrorisme dans le Sahel. D’où l’invite à la prudence d’Amnesty à l’égard de ces vendeurs mais aussi aux acheteurs que sont ces pays du Sahel, pris dans la tourmente de cette guerre asymétrique.
En vérité, Amnesty International enfonce peut-être des portes déjà ouvertes : car si les ventes d’armes sont des activités réglementées, l’explosion des katibas et la noria de groupes armés et d’auto-défense suscités ou suis generis mettent en exergue l’existence d’une économie mafieuse, crapuleuse et de rapine. Si une Kalach au Sahel depuis que la Libye s’est désintégrée coûte entre 500 et 600 000 F CFA (soit moins de 1 000 Euros), il faut bien des sous pour équiper des centaines de personnes, car toutes ces armes exhibées par ces motocyclistes n’ont pas été prises chez des camps militaires tombés. Et quid de ces motos sur lesquelles ils roulent ? On finance bien l’armement, mais aussi la logistique au Sahel !
En fait, Amnesty exhibe une petite partie de l’iceberg et le combat contre le terrorisme au Sahel doit aussi concerner celui contre le trafic illicite et criminel qui a pignon sur les sables du Sahel.
La Rédaction


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