Les Tunisiens vont longtemps pester. Vaincus 1-0 en prolongation par le Sénégal, en demi-finales de la CAN, les joueurs d’Alain Giresse se sont vus annuler un penalty de manière très litigieuse à la 116e minute. Le tout, au terme d’un drôle de scénario. Dans la continuité du début de cette phase finale de la CAN 2019, le jeu n’a peut-être pas atteint des sommets entre le Sénégal et la Tunisie, mais en revanche la dramaturgie était au rendez-vous !
Et en Afrique comme ailleurs, la tension rattrape souvent tout le monde à ce stade de la compétition. Alors, on retiendra surtout cette fin de match étouffante et palpitante par voie de conséquence. Sauf les supporters des Tunisiens, bien sûr, éliminés en prolongation (1-0) et victimes d’une décision arbitrale très contestable.
Reprenons par le commencement : d’abord une première période à l’avantage du Sénégal, avec notamment ce poteau de Sabaly (26e) ou Sadio Mané qui manque le but vide (38e). Puis les Tunisiens refont surface après la pause, avec déjà ce duel manqué par Ferjani Sassi (49e) en un contre un. Ce même Ferjani Sassi qui, à la 77e minute, a raté la balle de la qualification en envoyant son penalty plein axe et trop mou, directement sur Alfred Gomis qui ne s’est pas privé de repousser. Et cinq minutes plus tard, penalty pour le Sénégal ! Cette fois, le coup de pied de réparation est mieux tiré par Henri Saivet, mais celui-ci bute sur Mouez Hassen qui sort un très bel arrêt sur sa gauche (82e). Saivet loupe une autre occasion en toute fin de partie (90e). En prolongation, Ferjani Sassi va se voir rejoindre par Hassen au rang des héros malheureux : le gardien niçois, peut-être trop euphorique, se troue sur une sortie et le ballon rebondit sur Dylan Brouin, surpris et qui ne peut que marquer contre son camp. Enfin vient la 116e minute… L’arbitre accorde, semble-t-il logiquement, un deuxième penalty à la Tunisie pour une main d’Idrissa Gana Gueye dans la surface. Après vision de la vidéo himself, il décide finalement de l’annuler. Quatre (4) ans après avoir été victime d’un véritable «vol» en quart de finale de la CAN 2015 contre la Guinée Equatoriale, les supporters tunisiens auront beaucoup de mal à accepter ce choix car on peut supposer que sans cette main, le ballon serait bel et bien parvenu à Badri en pleine surface.
A la dernière seconde, Mahrez envoie l’Algérie en finale !
Un énorme rugissement a retenti au coup de sifflet final dans le stade du 30-juin, déserté par les Egyptiens. Un rugissement à la hauteur de la portée historique de l’exploit réalisé par les Lions sénégalais, bien qu’ils soient les favoris pour le titre.
Raillé pour son absence de palmarès, le pays de plus de 15 millions d’habitants tient enfin une seconde chance d’inscrire son nom sur la liste des grands d’Afrique, après son unique finale perdue en 2002. Le sélectionneur Aliou Cissé, bras en l’air et genoux sur la pelouse à la fin du match, aura sa revanche. Capitaine de l’équipe défaite il y a 17 ans, il sera sur le banc vendredi pour toucher cet or qu’il chasse depuis sa prise de fonction en 2015. Eliminés aux tirs au but par le Cameroun en quarts en 2017, les Sénégalais ont cette fois montré un mental conforme à leurs grandes ambitions, en sortant vainqueurs d’un match à rebondissements. Une seule mauvaise nouvelle sur ce chemin qui peut leur conduire à leur premier sacre continental, la suspension de Kalidou Koulibaly.
L’adversaire du Sénégal en finale s’appelle l’Algérie. C’est bel et bien pour une place en finale que s’affrontaient l’Algérie et le Nigéria en deuxième rencontre. Comme souvent, quand la pression est à son paroxysme, ce sont de petits détails qui font pencher la balance.
On joue la 94e minute et le score, 1-1. C’est le moment choisi par Mahrez pour débloquer la situation avec un coup franc merveilleusement placé à l’entrée de la surface. 29 ans après, l’Algérie est en finale !
A y regarder de plus près, l’équipe d’Algérie ne présente pas de point de faible identifié. Pas toujours souverain par le passé, Aïssa Mandi s’est imposé comme un patron défensif avec une complémentarité avec Djamel Benlamri. Ramy Bensebaïni et Youcef Atal forment une paire de latéraux sans égal. Adlène Guedioura apporte son appétence pour le combat et libère le terrain aux autres milieux axiaux, parmi lesquels le jeune Ismaël Bennacer qui brille depuis le début de mille feux sur la même ligne que Sofiane Feghouli, revenu dans le cœur du jeu. En pointe, Baghdad Bounedjah s’illustre par son poids sur la défense adverse et sa capacité à jouer en déviation. Autour de lui les excentrés Riyad Mahrez et Youcef Belaïli s’en donnent à cœur joie. Enfin, ce qui ne gâte rien, le banc est de qualité. Auteur de trois buts depuis le début du tournoi, Adam Ounas en est le plus beau représentant.
La force de l’Algérie, c’est aussi et surtout son coach. Djamel Belmadi est aujourd’hui considéré comme l’atout numéro un des Fennecs. Arrivé en poste en 2018 dans un climat de défiance, le sélectionneur a su dompter une presse sportive pas réputée pour sa tendresse.
Son autorité assise, l’ancien joueur de l’Olympique de Marseille a procédé à quelques choix clairs et façonné son équipe, ce qui ne l’empêche nullement de s’adapter aux caractéristiques de son adversaire ou de le surprendre, comme ce fut le cas face au Nigeria dimanche soir. Vendredi, Sénégalais et Algériens se retrouveront pour la 2e fois dans cette CAN. En poules, les Fennecs avaient gagné par 1 but à 0 .
Hamed Junior


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