Phobie de la complotite ? Vraie-fausse tentative de coup d’Etat ? Toujours est-il que depuis quelques jours, le président Theodoro Obiang Nguema est sur le pied de guerre appelant ses compatriotes, en particulier ses securocrates à la «vigilance», car une guerre imminente se préparait contre son pouvoir.
Dans la foulée, une trentaine d’hommes est arrêtée à la frontière de la Guinée-Equatoriale et du Cameroun. A l’évidence des mercenaires, composés d’Equato-Guinéens, de Tchadiens et de Soudanais, qui voulaient renverser le chef de l’Etat. La raison ? C’est Obiang lui-même qui la donne : «Ils disent que j’ai passé beaucoup de temps au pouvoir !».
Encore donc des chiens de guerre à Malabo contre Obiang Nguema. Dans cette éponge pétrolière, en effet, le chef de l’Etat est régulièrement la cible de tentative de coup de force, dont la plus célèbre reste celui de mars 2006, conduit par Simon Mann qui a échoué, et s’est soldé par la lourde condamnation de ce dernier et certains de ses acolytes. D’ailleurs, pour la petite histoire, Simon Mann travaille maintenant pour le président Obiang,
Et à Malabo, pas besoin d’être Sherlock Holmes pour deviner, que la main qui est derrière cet énième coup de Jarnac contre le chef de l’Etat s’appelle Severo Moto, ex-directeur de Radio-Malabo, un temps secrétaire d’Etat en 1979, qui, depuis Madrid et après moult péripéties politico-judiciaires a créé le partido del progreso.
L’exilé madrilène qui bénéficie de l’asile politique, a semble-t-il juré la perte de celui qui a renversé son oncle, le dictateur Macias Nguema, en 1979. Severo, est du genre à ne privilégier que la méthode forte pour «dégager» Obiang Nguema, puisqu’il a des relations exécrables avec l’opposition traditionnelle, notamment avec son chef Placido Miko. On peut et se doit de condamner, Severo Moto et le principe même du coup d’Etat, mais dans cette Guinée-Equatoriale, qui est devenue la propriété privée de la fratrie Obiang, et sa camarilla d’amis et de parents, que faire pour l’avènement d’une alternance par les urnes ?
Bien sûr, Obiang Nguema a beau laisser entendre le 12 novembre dernier à l’Assemblée nationale monocolore que: «Je ne suis pas au pouvoir parce que je veux y être… quand vous voulez, vous pouvez me dire : président tu as déjà travaillé beaucoup et je m’en irai», c’est paroles, paroles… car chaque Guinéen sait qu’à 75 ans, avec 38 ans de règne, c’est un pouvoir à vie avec une dévolution monarchique, puisque son fils, Theodorino, connu pour ses frasques financières, que pour sa capacité à diriger un pays est le dauphin officiel. Alors, dites-nous bonnes gens, dans un tel Gondwana de l’Equateur, que faire pour remplacer un tel despote ?
Si Obiang Nguema, qui a tout patrimonialisé est constamment face aux chiens de guerre, c’est parce qu’il y a une impossible alternance à Malabo, les ressources pétrolières du pays sont dévolues aux dépenses des Obiang. Bien que certaines réalisations (infrastructures hôtelières, sportives…) aient été réalisées, hélas, après 40 ans, si un président n’a pas pu faire quoique se soit pour son pays, la logique biologique et politique, intiment de passer la main. C’est en refusant toujours de s’en aller par la grande porte, que dinosaure, satrapes et autres despotes, connaissent des fins de règne infamantes, soit par des fuites erratiques et des exils ou la case-prison.
Vrai ou faux énième coup d’Etat foireux, Obiang Nguema, tirera-t-il les leçons de l’Angolais José Eduardo Dos Santos pour partir dans la dignité, ou préférera-t-il être dans le cas d’un Mugabe ? Encore que comparaison n’est pas raison, le Zimbabwe n’est pas la Guinée-Equatoriale. Mais, toujours est-il que les pouvoirs jusqu’à la mort ne prospèrent plus sur le continent.
Joachim de Kaibo BEMBAMBA


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