Du douanier nigérien qu’il a été aux plus hautes fonctions nationales qu’il occupa, Hama Amadou dit Hama plus a fait preuve d’un redoutable homme politique, doté d’un flair, d’une résilience et naturellement d’un opportunisme à toute épreuve.
Il a de qui tenir, lui qui fut le jeune directeur du cabinet de Seyni Kountché, le 2e président et 1er putschiste au Niger en 1974, et très adulé post-mortem de nos jours pour sa gestion rigoureuse du pays ! Son parcours politique lui vaut le surnom de «Phénix» de Youri (son village):
– Premier ministre de 1995 à 1996, sous Mahamane Ousmane ;
– Repremier ministre entre 2000 et 2007. Et tout cela jalonné d’opposition à Mamadou Tanja et à Mahamadou Issoufou ;
– Plusieurs fois pensionnaire de la haute prison de Koutoukalé pour accusations de détournements de fonds publics et subornation de bébés (2009 et 2015) ;
– 2011 : Ralliement à son adversaire d’hier, ce qui permet à l’éternel Poulidor nigérien, Issoufou de gagner la présidentielle du 31 janvier 2011 avec les 20% de Hama Plus lequel est bombardé président de l’Assemblée nationale.
Mais, le trublion du fleuve Niger se sent à l’étroit ou plutôt après avoir occupé la primature et le perchoir, que lui reste-t-il, sinon la présidence ? Bien qu’étant encore en prison en 2016, il se présente avec son parti le Mouvement démocratique nigérien (Moden-Fa Lumana), né d’une scission avec le MNSD de Seyni Oumarou. Avec le MODEN, le «Phénix» parvient depuis sa cellule à obtenir 18% sans battre campagne ! Mais, ses ennuis judiciaires, et son allié d’hier Issoufou ne lui laissent aucun répit. Exilé en France, malade, il reviendra au Niger en 2023 après le coup d’Etat en ruminant le fait d’avoir été empêché en 2021 de compétir contre Mohamed Bazoum.
Il décède ce 23 octobre 2024 à l’hôpital de référence de Niamey. Hama plus, c’est un homme politique complet, qui a crapahuté dur pour la présidence, qui fit cavalier seul, mais a su nouer aussi des alliances quand il le fallait.
Son parti, bien que créé en 2009, est arrivé 3e aux Municipales du 11 janvier 2011. Il a toujours été dans les habits de faiseur de roi, comme Seyni Oumarou !
Jusqu’à son dernier souffle, l’homme ne respirait que par la politique. Dans une récente interview, il avait éprouvé de la sympathie pour le pouvoir du général Tiani. Hama plus, c’est un destin exceptionnel ! Peut-être inachevé, car il lui a manqué la présidence pour que la boucle soit bouclée.
La REDACTION


COMMENTAIRES