«La panthéonisation se construit sur le temps long», dit-on à propos des nominés à l’entrée dans le mausolée républicain dédié aux personnages ayant marqué l’Histoire de la France. C’est ce qui est en passe d’être fait en hommage à l’artiste franco-américaine Joséphine Baker.
Résistante, militante antiraciste, artiste, Joséphine Baker fera son entrée au Panthéon. Elle devient ainsi, la première femme noire à rejoindre les grandes personnalités qui y sont inhumées. Quarante-six (46) ans après son décès (1975) et son inhumation dans la principauté de Monaco, la célèbre artiste sera consacrée dans quelques mois à travers une cérémonie officielle. Cette cérémonie prévue pour novembre prochain fera de Joséphine Baker la première femme noire à reposer dans la nécropole laïque. Elle sera du même coup la sixième femme à y prendre place après Simone Veil, dernière femme à y faire son entrée en 2018.
Les pétitionnaires qui avaient récolté près de 38 000 signatures autour du slogan «Osez Joséphine Baker au Panthéon» pour la cause, il y a de cela quelques années ne s’étaient donc pas mobilisés pour rien. A travers cette décision de faire entrer la première star internationale noire, muse des cubistes au panthéon, c’est une reconnaissance qui est faite à l’idéal qu’a défendu cette illustre dame et un hommage à son combat pour une société juste et équitable. Plus encore, c’est la défense de la cause des Noirs victimes d’un racisme systémique dans plusieurs pays occidentaux qui vient d’être honorée.
La France, pays des droits humains et des libertés envoie un signal fort à certains de ses fils brebis galeuses réfractaires à l’égalité des races dans un monde désormais globalisé. C’est aussi un grand pas que vient de faire le comité chargé d’étudier les candidats à la «panthéonisation». Au delà de la personne de Joséphine Baker, ce sont les défenseurs des droits humains et de l’égalité des races qui sont honorés. Cette victoire qu’il convient de saluer à sa juste valeur doit être perçue comme un puissant ferment et une source de motivation à poursuivre la lutte pour un monde plus juste.
Du reste, ce couronnement vient réconforter les différents mouvements de défense des droits civiques dans leurs actions. Au moment où les mouvements «Blacks lives Matter» (les vies des Noirs comptent) mais aussi la cause des femmes à travers le «Mee too» (moi aussi ) connaissent une adhésion à travers des actions multiformes (sports, politique, culture…), la panthéonisation de celle qui de son vivant a reçu toutes les distinctions ( décorée de la Légion d’honneur, de la Croix de guerre et de la Médaille de la Résistance) est un acte fort et historique qui fera certainement tache d’huile dans un monde où le repli identitaire gagne de plus en plus du terrain sur le brassage.
Davy Richard SEKONE


COMMENTAIRES