Concomitamment au départ probable du général Olivier Gasita, l’éphémère
chef adjoint de la 33 e Région militaire à Uvira, visite du ministre de l’Intérieur toujours à Uvira, coup de tonnerre judiciaire dans la Haute Cour militaire qui devait vider son délibéré ce 12 septembre 2025 mais qui a choisi de jouer les prolongations sur requête des parties civiles de la RDC et cette longue panne d’électricité qui a paralysé l’aéroport de Kinshasa minuit mercredi 10 septembre à 5h30 jeudi 11 septembre… une succession d’évènements dont se serait passés la RDC.
En 48 heures, beaucoup de choses dans ce pays-continent pour ne pas dire que les calculs politico-militaires ont chamboulé des agendas dont les
conséquences se ressentiront au plan national du pays. En se rendant à Uvira, le ministre de l’Intérieur Jean-Jacques Shabani voulait d’abord rassurer les populations que l’Etat est toujours là, présent à leurs côtés, ensuite il s’est agi de signifier que le message des Uvirais a été reçu 5 sur
5, en clair que le général Gasita invisible depuis quelques jours a dû voir sa nomination annulée même si le ministre Shabani ne s’est pas montré disert sur ce sujet, on devine. Bras de fer remporté donc par les habitants pour ne pas dire les Wazalendos qui seraient « manipulés » par ceux que le narratif officiel
nomme « les supplétifs rwandais » c’est-à-dire l’AFC-M23 lesquelles populations ont fait reculer le pouvoir ce qui n’est pas mauvais en soi mais signe d’une écoute des préoccupations des citoyens. Il fallait desserrer l’étau des 8 jours de blocus à Uvira.
Alors que pour l’ex chef d’Etat de gros nuages continuent de se former au- dessus de sa tête lui qui ne rêvait pas moins du mythe faustien politique devra d’abord batailler judiciairement pour se dépêtrer de cette mauvaise posture. Lourd passé présidentiel avec 19 années de règne répressif surtout les dernières marquées par la quête de l’introuvable 3e mandat, exil et désir d’un come-back, position alambiquée avec l’AFC-M23, sorties médiatiques véhémentes contre le président Tshisékédi et maintenant une plausible peine qui risque d’être un assommoir physique et politique contre lui. Sale temps en perspective pour Joseph Kabila. Car, le recours des avocats de la RDC pour ajouter aux chefs d’accusation de « trahison, crimes de guerre et complicité avec le M23 » celui de « espionnage », cette requête acceptée par le Tribunal militaire signifie que ces hommes en robe noire auraient voulu muscler le réquisitoire du ministère public qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. Les 20 ans requis par le parquet pourraient se muer en perpétuité ou de…mort pour le leader réel ou fantasmé de l’AFC-M23 : Joseph Kabila. Avec les dommages et intérêts qui passeront de 24 milliards à 30, avenir sombre s’il en est à moins d’un retournement de dernière minute.
Enfin, le « second génocide » la théorie agitée par Kinshasa contre Kigali, une sorte de massacre collectif comparable à celui de 1994 vient en rajouter à une escalade politico-militaire entre les 2 pays.
Dans cette mare à café qui se dessine, il est compliqué de faire des analyses qui tiennent la route tant la géopolitique sous régionale est mouvante et fugace. Quelle réaction de Kabila qui avait déjà répondu il y a à peine une dizaine de jours à ce qu’il appelle une « cabale politico-judiciaire ? ». Ses partisans parlent de « mascarade judiciaire ». Que faire dans ce conflit des Grands Lacs si sur le terrain et dans les discours actuels on va dans le sens opposé d’un modus vivendi c’est-à-dire d’un cessez-le feu et même d’une paix ?
Aujourd’hui Au Faso


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