C’est une nouvelle victoire pour l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo et son ministre de la jeunesse Charles Blé Goudé détenus et jugés à la Haye pour des accusations de «crimes de guerre et crime contre l’humanité…». Hier jeudi 28 mai 2020, dans une ordonnance, la Chambre d’appel de la Cour pénale internationale a décidé de réexaminer la nécessité de maintenir les conditions imposées à la mise en liberté des deux personnes acquittées et a décidé de révoquer les conditions suivantes :
«Ne pas se déplacer en dehors des limites de la municipalité dans laquelle ils résident dans l’État d’accueil, à moins d’y avoir été expressément autorisés au préalable par la Cour, remettre au Greffe toutes les pièces d’identité dont ils disposent, en particulier leur passeport, se présenter chaque semaine auprès des autorités de l’État d’accueil ou auprès du Greffe, se conformer à toute autre condition raisonnable imposée par l’État dans lequel ils seront libérés».
Comme on le constate, la conséquence de cette décision est qu’à compter de ce jour, (c’est-à-dire hier) Laurent Gbagbo et Blé Goudé sont libres de tout déplacement en tout temps et tous lieux. Dans ce nouveau rebondissement, la cerise sur le gâteau est sans conteste la liberté de mouvement dont jouissent désormais les deux célèbres prisonniers de Scheveningen.
On le sait, restés longtemps loin des siens, l’ancien président ivoirien et son «général de la rue», dont les partisans ne tarissent d’éloges, piaffent d’impatience de retourner au bercail et rêvent de prendre leur revanche politique sur leurs adversaires d’hier.
Dans ce dossier où l’accusation n’est pas parvenue à étayer ses propos lors des audiences, celui qu’on surnomme le «Woody de Mama», sort une nouvelle fois victorieux, même si son sort reste entre les mains de son frère-ennemi Alassane Ouattara qui aura tout fait pour le garder loin de sa terre natale pour des raisons évidentes. A cinq mois environ de la prochaine présidentielle, l’enfant de Kong va-t-il autoriser le retour de ces deux mousquetaires ? Si oui, quelle garantie va-t-il exiger pour les laisser fouler de nouveau la terre de leurs ancêtres après près de 9 ans passés dans les couloirs de la justice internationale ?
C’est connu, la politique est le champ de toutes les possibilités et rien n’est à exclure entre ses adeptes. Peut-on s’attendre à des préalables entre les deux avant toute autorisation d’entrée sur le territoire ivoirien ? L’un dans l’autre, aujourd’hui, Laurent Gbagbo est une fois de plus réhabilité vis-à-vis de son passé et de l’histoire récente dans laquelle, il avait été présenté comme le chef d’orchestre des grands malheurs qui ont jusque-là frappé le pays d’Houphouët.
Un retour à Abidjan constituerait sans conteste, un tremplin pour sa formation politique, le Front populaire ivoirien qui tente de se réorganiser dans la perspective des prochaines échéances. Aussi, il pourrait constituer un véritable ferment pour une réconciliation véritable dans ce pays, où les ingrédients d’une énième crise postélectorale sont presque réunis.
Davy Richard SEKONE


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