2 000 prisonniers dont la moitié bénéficie de remise de peine et l’autre de grâce présidentielle vont recouvrer la liberté en Côte d’Ivoire, ainsi en a décidé les autorités ivoiriennes, pour cause de coronavirus.
En décrétant cette libéralité en Conseil des ministres, le pouvoir ivoirien déride les maisons d’arrêt du pays, bondées de 21 000 embastillés des 34 prisons dont la seule MACA de la capitale compte à elle seule 7 000 prisonniers pour 3 000 places. Cibles faciles du coronavirus, les prisonniers sont les personnes que l’ONU et l’OMS ont prié de libérer pour éviter une contagion exponentielle de la maladie. Détail de taille dans cette mesure ivoirienne: Malgré cette Covid-19, la politique a toujours droit de citer au bord de la lagune Ebrié, puisque les 20 proches de Guillaume Soro, ex-président de l’Assemblée nationale, ex-allié du Président Ouattara et actuel reprouvé national, ses 20 proches dont 5 députés restent en prison en attendant leur jugement. De même les grands criminels et ceux qui ont commis des infractions graves ne sont pas concernés.
Cette levée d’écrou pour 2 000 prisonniers intervient au lendemain de celles du souverain alaouite marocain M6, qui a libéré la veille, plus de 5 000 prisonniers et du n°1 burkinabè Roch Kaboré avec 1 207 libérés le 2 avril dernier. Idem aussi en RD Congo où 1 200 prisonniers sont dehors depuis hier 8 avril 2020.
Peu ou prou, les Etats africains suivent les recommandations de l’OMS qui estiment que vu les conditions exécrables des quasi-donjons africains, il fallait vider un peu l’espace pour ne pas réunir ce que les médecins appellent les ingrédients pour l’apparition d’une maladie, en l’occurrence ici le coronavirus.
Aux mesures de distanciations sociales et de barrières, s’ajoutent donc les libérations de prisonniers auxquelles se livre le continent pour circonscrire, et in fine vaincre le Covid-19. Des décisions qui ne sont pas de trop quand on sait qu’au regard de la paupérisation habituelle des populations que sont venues exacerber confinement et quarantaine, les Africains sont de nos jours tiraillés sur quelle mort choisir : la faim ou le coronavirus ?
Car pour beaucoup c’est la survie au jour le jour, grappiller de quoi faire bouillir la marmite journalièrement est le défi quotidien de la quasi-totalité des africains. Alors fermer les marchés, les bars, les maquis, ne plus pouvoir se déplacer d’une ville à l’autre équivalent pour eux à une mise à mort à petit feu.
Heureusement que dans tous les pays du continent, des mesures socio-économiques ont été prises pour amortir le choc de la mise sur cale des activités. Encore faut-il que ces thérapies conjoncturelles le soient fissa et à bon escient, et que son spectre touche vraiment ceux qui en ont besoin. Car une chose est d’égrener des chiffres censément destinés à diminuer la détresse des gens, une autre est son opérationnalisation efficiente.
En attendant tous ces prisonniers doivent dire merci à qui ? Au Covid-19 !
Pélagie OUEDRAOGO


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