Mahamoud Ali Youssouf, nouveau président de la Commission de l’UA : Deux gageures sur la table du grand commis des chefs d’Etat

Mahamoud Ali Youssouf, nouveau président de la Commission de l’UA : Deux gageures sur la table du grand commis des chefs d’Etat

 

Menaces redoutées ce week-end contre les lieux de cultes à Kinshasa consécutives aux tournées diplomatiques des hommes de l’Eglise qui ont rencontré le M23 à Goma et Kagame à Kigali. Le M23-AFC et les RDF rwandaises qui, après les faux cessez-le-feu sont depuis ce 15 février 2025 dans Bukavu, capitale du Sud-Kivu, après avoir pris l’aéroport de Kavumu, ultime serrure sécuritaire de la région. Félix Tshisekedi qui a écourté son séjour à la conférence sur la sécurité à Munich pour regagner Kinshasa, mais on se demande pourquoi, il était à une telle rencontre en Allemagne, qui a plus les yeux rivés sur le conflit russo-ukraine que l’Est de la RD Congo.

Et un sommet UA à Addis-Abeba où le même Tshisekedi aurait dû en être, malgré tout ce qu’on sait. Rien que pour être la mauvaise conscience de ses pairs. Une réunion de l’UA qui toute affaire cessante, après l’élection du nouveau président de la Commission, le Djiboutien Mahamoud Ali Youssouf (MAY), s’est penchée sur la guerre à l’Est de la RD Congo, avec toujours hélas la même incapacité quasi rédhibitoire, à trouver une solution, faute de courage, mais par calculs et…reconnaissance.

Ainsi donc, Moussa Faki Mahamat a désormais son remplaçant à la tête de la Commission de l’UA. L’élection du Djiboutien, Mahamoud Ali Youssouf, après 7 tours et de guerre lasse, la fumée blanche en ce samedi 15 février 2025, sur le toit de l’Africa Hall, illustre ce changement statutaire. Elle sera secondée par l’Algérienne Selma Haddadi.

Challenger, écrasé par le politique Raila Odinga du haut de son itinéraire d’opposant, de présidentiable malheureux, le Djiboutien 59 ans, polytglotte (3 langues parlées, français, anglais, arabe) le technocrate proche du président Ismaël Guelleh, a finalement remporté la mise.

Sans doute, l’âge du Kenyan, mais la peur du syndrome Alpha Omar Konaré, ont joué en sa défaveur. Le président de la Commission de l’UA est un haut fonctionnaire, il est l’employé des chefs d’Etat, or, à l’époque, Alpha Omar Konaré, ex-président malien, s’était souvent piqué à vouloir contredire ses employeurs, dont l’un d’eux a dû finalement lui répliquer qu’il n’était plus président. Raila Odinga n’a pas été président, mais il avait le statut, aurait-il accepté avaler certaines couleuvres des dirigeants ?

Si le dossier de la présidence de la Commission de l’UA a abouti à un happening end, le brûlot du Kivu reste rougeoyant, faute de pompiers percutants. Finalement, Moussa Faki termine son mandat, en passant une grosse patate chaude à son successeur : la RD Congo.

L’inaudibilité de l’UA s’est encore fait voir lors de cette réunion d’Addis-Abèba puisqu’à part la phrase que «l’UA craint une balkanisation de la RD Congo», lâchée par le commissaire paix et sécurité sans pour autant désigner l’objet du problème excepté ce bout de phrase, pas grand-chose n’a été décidée. C’est dire qu’encore une fois, l’organisation continentale a montré un visage impuissant, et un peu poltron face à une guerre qui est pourtant claire concernant les belligérants. L’arrivée du M23 à Goma tout comme à Bukavu a été annoncée, redoutée et concrétisée. Le M23-AFC-RDF rwandaises ne s’en cache pas, et Corneille Nanga l’a dit le 6 février dernier.

Et Mahamoud Ali Youssouf est à plaindre lui qui vient d’être élu et qui hérite d’un dossier compliqué : comment pourra-t-il faire preuve devoir d’ingratitude à l’égard du président rwandais, si ses patrons de chefs d’Etat ne l’ont pas fait ? D’ailleurs, en a-t-il les moyens ? Non. En effet, les réformes de la Commission, qui ont instauré la rotation ont pour maître à penser un certain Paul Kagame. Et c’était justement le tour de l’Afrique de l’Est. Ce qui a permis au Djiboutien d’être élu. Gêne et pusillanimité à Addis-Abeba, ce week-end, et équipée hégémonique du M23 à Bukavu, confirmant de fait qu’en dépit des efforts diplomatiques, c’est bien l’escalade qui prévaut à l’Est de ce pays-continent.

Le Djiboutien aura également sur la table l’épineuse question de la réforme des institutions et finances de l’UA. Biberonnée, de l’extérieur, c’est une UA qui ne peut que recevoir les ordres de ses bailleurs de fonds car qui paie commande, c’est bien connu, or très peu des 55 Etats cotisent. Seuls 6 pays cotisent et il va falloir trouver les fonds soit par prélèvement communautaires, soit par des taxes.

Mais, lesté par le boulet de grand commis des chefs d’Etat et exécutant leurs desideratas, tout comme ce sera le cas sur la RD Congo, on voit mal comment Mahamoud Ali Youssouf pourra faire bouger les lignes à sa manière. Deux gageures très lourdes à relever pour lui !

Ce 38e sommet de l’UA, a définitivement conforté la conviction chez de nombreux Africains : selon certaines considérations, ou intérêts une guerre peut se dérouler tranquillement sans qu’on ne désigne nommément l’attaqué et l’attaqueur, tout juste se borne-t-on à brasser du vent, c’est-à-dire à ânonner des principes !

 

La REDACTION

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR