La dernière pièce du puzzle institutionnel malien de la Transition a été mise en place, ce 5 décembre 2020, avec l’élection du colonel Malick Diaw comme président du Conseil National de Transition (CNT), l’organe législatif qui vient en complément à la désignation des 2 têtes, pardon des 3 têtes de l’Exécutif : le président, le vice-président et le gouvernement. Sur 118 votants, le n°2 du quarteron de colonels qui a renversé IBK le 18 août dernier, a obtenu 111 pour, ce qui le hisse en haut du parlement transitoire, une élection qui est loin d’avoir fait taire les polémiques sur le poste taillé et balisé pour Malick Diaw par son compère d’armes, Asssimi Goïta, le vice-président du pouvoir intérimaire.
En effet, la charte de la Transition encore floutée et les 121 membres du CNT ont été dictés par le même Goïta, qui aura réservé les morceaux les plus viandeux à ses compagnons putschistes de Kati. Sur les 121 «députés» non élus, 22 sont militaires de par la volonté du vice-président.
Des désignations qui avaient fait renâcler le M5-RFD lequel avait d’abord boudé l’instance, avant de se raviser de mauvaise grâce. Le premier ministre Moctar Ouane a beau dire qu’il y a convergence de point de vue, et que le fait de bombarder, le seul des putschistes qui n’avait pas encore de poste au sommet du CNT, n’est en rien mal, néanmoins cette désignation transforme la Transition déjà bancalement civilo-militaire en carrément pouvoir militaire.
Trois mois et demi après le coup d’Etat, et rétrospectivement après les sanctions de la CEDEAO, qui doutaient de la sincérité des putschistes, la raison penche du côté des Cassandres qui soupçonnaient les militaires de vouloir garder le pouvoir.
Avec le CNT censé rassembler ces personnes des formations politiques, de la société civile, des militaires et des syndicats, et avec cette prééminence des soldats, les putschistes ont bel et bien pris via un détour tout le pouvoir au Mali. A l’exécutif, un militaire à la retraite Bah N’Daw flanqué d’un putschiste comme second Assimi Goïta et, au milieu un premier ministre civil Moctar Ouane, et au parlement un militaire comme patron, la boucle est bouclée. En apparence civil, le pouvoir est demeuré kaki, et pire, on prête à ces tombeurs d’IBK, de vouloir tracer des sillons pour un dauphin qu’ils se seront choisis d’ici 18 mois, ou même plus puisque de l’avis du CNT, ces un an et demi, pourrait s’allonger si nécessaire. Autant dire que la Transition pourrait jouer les prolongations, au grand dam de tous ceux qui sont sortis pour affaiblir et aider à faire chuter IBK, et qui voient leur révolution leur être volée par ceux qui ont des armes.
Avec Malick Diaw au perchoir, attention au syndrome du militaire-démocrate ! Tout le monde n’est pas fait pour ôter le treillis et le remplacer par le boubou ou le costume et se faire absoudre par les urnes ! Et encore le Maliens n’ont plus l’esprit à ça et aspirent à des dirigeants démocratiquement élus, qui amélioreront leur quotidien. C’est pour ce quotidien qu’ils ont noirci les rues de Bamako pour réclamer le départ d’IBK ! .
La REDACTION


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