A Darey-Daye, dans la région nigérienne du Tillabéri, alors que le soleil honorait la journée du 16 août 2021, des hommes, voilés par on ne sait quelle rage aveugle, débarquent dans des champs de pauvres paysans, et sans sommation, se mettent à les arroser de balles comme s’ils ensemençaient d’eau leur jardin. 37 âmes sont ainsi volées sous le ciel de Dieu. Parmi ces êtes innocents, qui ne comprennent sans doute rien aux raisons politiques, religieuses ou économiques qui enrobent la coque métallique des balles qui les transperçaient mortellement, 4 femmes et 13 mineurs.
Le Niger est donc à nouveau éploré. Plus de 4 000 personnes tuées dans l’Ouest du pays. La raison, les groupes terroristes ont été solidement secoués par les actions militaires de l’armée nigérienne. Les estocades ont porté de coups durs aux cadres de ces régiments de la mort. Déboussolés, n’osant plus s’en prendre aux militaires nettement plus dangereux et décidément plus aguerris, ils jettent leur dévolu désormais sur les populations civiles.
Qu’est-ce qui explique ce choix morbide ? Sans doute la volonté de montrer qu’ils sont toujours là et d’atteindre leur objectif principiel : semer la terreur. Quoi de plus facile dans ce cas que d’ouvrir le feu sur des enfants et des femmes ?
Ensuite, décapités, ces groupes armés n’ont peut-être plus de stratégie claire, les sbires, en attendant que de nouvelles têtes pensantes naissent ou finissent de mûrir, s’adonnent à des actes impies.
Peut-être aussi, en harcelant les populations, pousser celles-ci à se révolter contre le pouvoir central qui n’arrive plus à les sécuriser, si ce n’est peut-être tenter de faire rallier lesdites populations afin d’en faire des alliées contre les forces armées, qui leur mènent la vie dure.
A moins que ces actions ne sont conduites que par des bandits sans but plus étendu que la contrebande et autres trafics pour lesquels ils veulent tenir éloignées les populations, potentielles agents de renseignement des forces de sécurité.
Somme toute, ces actions contre les populations n’ont pas de réel impact sur l’avancée des forces obscures sur les forces armées nigériennes. Néanmoins, elles sapent le moral des populations, fragilisent la cohésion sociale et créent le terreau pour la naissance d’éventuels combattants pour les rangs de ces terroristes. Sans compter les risques de crise humanitaire avec les déplacements et ces champs qui ne seront pas cultivés pour assurer la survivance alimentaire à un pays qui avait déjà des difficultés à son grenier.
Le renseignement et la présence militaire doivent pourtant s’accentuer, avec un appui réel des populations pour faire face à cet engrenage infernal et sanglant.
Ahmed BAMBARA


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