«Du coup d’Etat médical» du 7 novembre 1987 à l’autodafé de Mohamed Bouazizi, le 17 décembre 2010, 24 années se sont passées, au cours desquelles la Tunisie était sous la férule du rais tunisien Ben Ali. Emporté par le printemps arabe, le voici qui meurt loin de son pays sur la terre des Saoud, une éclipse totale, conséquence du même printemps parti de Sidi Bouzid.
Zine El-Abidine Ben Ali est mort. A son nom, il est difficile de ne pas associer ces expressions, noms et mots suivants :
– Mohamed Bouazizi. C’est un nom logé désormais au panthéon des héros de l’Histoire de l’Afrique. L’Afrique des luttes. L’Afrique des libérations. L’Afrique qui casse son joug. A contrario, collé à celui du défunt président tunisien, il le noie dans le magma de la dictature, de la mauvaise gouvernance et de l’autocratie poussée dans ses limites extrêmes.
– Printemps arabe. Le Maghreb devra à la Tunisie sous Ben Ali la force de se rabrouer et de secouer les chaines de présidents dictateurs qui cultivaient l’enrichissement de leur clan au détriment de leur population.
– Espoir déchu. Oui, parce que lorsque Ben Ali renversait en douceur mais renversait quand même le sénile président Bourguiba, il faisait souffler sur la Tunisie un vent d’espoir. L’espoir d’un renouveau. D’une libération et enfin, d’une répartition équitable des ressources. Malheureusement, la suite de la gouvernance du nouveau président les placera progressivement dans le siège de la désillusion et de la déception poussées au summum. Toutefois, jouant de rouerie et de roublardise, il aura réussi à duper son peuple (et surtout à l’abrutir de répression) pendant deux décennies.
– Fin honteuse. Certes, son image a failli être redorée. Cette phrase qui revient le plus souvent dans les pays qui ont chassé leur président, «avant, c’était mieux», a circulé sur les lèvres des Tunisiens devant ce que la succession de Ben Ali a donné. Toutefois, ce sont des soupirs poussés dans des moments de déception. Mais à la réalité, il n’est pas certain que les Tunisiens soient prêts à le faire revenir par le biais de ses héritiers. Conséquence, il est mort loin de son pays. En exil depuis pratiquement 10 ans. Comme un paria. Un banni.
Mais la pédagogie de l’histoire semble devoir encore et continuellement mettre à jour ses méthodes. Ses élèves sont têtus ou refusent d’ingurgiter convenablement ses enseignements.
Il y a tellement de Chefs d’Etat qui ont connu tellement de «bad end», parce qu’ayant voulu surfer sur la planche de la dictature et de la boulimie du pouvoir sur les vagues instables de la politique que tous ces aspirants à la mauvaise gouvernance et à l’assassinat de l’alternance auraient dû en prendre de la graine pour réviser leur plan de vol machiavélique.
Zine El-Abidine Ben Ali a fini le sien par un crash loin des siens et du pays qui l’a vu naître. Pourvu que la boîte noire de leçons qu’il a laissée en héritage puisse servir à ceux qui ont le sens de l’observation.
Ahmed BAMBARA


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