Municipales en Tunisie  : Nidaa Tounes et Ennhaada sur le grill ?

Municipales en Tunisie : Nidaa Tounes et Ennhaada sur le grill ?

La révolution de 2011 qu’on a aggloméré dans le vocable mielleux de ‘’Jasmin’’ a déçu bon nombre de Tunisiens, car les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Manifestations et grèves ont perlé le pays depuis 7 ans, avec comme conséquences, une désaffection des populations pour la chose politique.

Alors pouvait-on espérer un engouement à ces premières élections municipales post-révolution ? Que nenni ! D’abord, les corps habillés, militaires et politiciens qui ont voté fin avril dernier, avaient donné le tempo d’un vote fade par leur participation. Selon l’ISIE sur 36. 495 inscrits, seuls 5 000 ont voté, soit 12%. Hier, dimanche 6 mai 2018, le peu du corps électoral (5 millions) qui s’est déplacé dans les bureaux de vote, atteste d’un rejet de plus en plus patent de l’attelage bicéphale, Nidaa Tounes et Ennhada qui cornaque le pays depuis leur coalition stratégique, après une guerre sans merci. Ainsi, ceux qui évoquaient 40% de taux de participation pourraient avoir tout faux, car hier, une heure avant la fermeture des bureaux de vote, on caracolait autour de 25%, en attendant ceux officiels et définitifs de l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE).

Les raisons de cet abandon : dévoiement des perspectives de la Révolution, taux de chômage entre 15 et 20%, cherté de la vie… Pour un peu, les Tunisiens pourraient regretter Ben Ali. Historiques sont ces votes, mais historiques pourraient être aussi les conséquences électorales :

Nidaa Tounes, la formation majoritaire dans la coalition gouvernementale, pourrait connaître une bérézina, ce qui aura pour impact direct, un contre-coup sur le chef du gouvernement, Youssef Chahed. Dans un pays telle la Tunisie, fortement centralisé ne pas pouvoir peser sur les bases d’un pouvoir local une première, constitue en soi un désaveu.

L’allié de Nidaa Tounes, Ennhada nimbé toujours d’islamisme, devrait lui aussi, si des municipalités sont maigres dans l’escarcelle tirer toutes les conséquences.

Les deux partis qui dominent la vie politique sont conscients des enjeux de ces votes locaux, mais à enjeux nationaux, que déjà l’ISIE est indexée d’avoir favorisé des irrégularités. Autres hypothèses, d’une réelle défaite  de ces deux formations, ce serait à coup sûr le retour des vieilles tambouilles entre eux, car n’oublions pas, au départ Nidaa Tounes était l’anti-thèse de Ennhada. Et si le fils du président, Hafedh Caïd Essebsi, directeur exécutif d’Ennhada, donne déjà de la voix sur les irrégularités, c’est qu’il subodore  que les urnes ne seront pas en leur faveur.

Quoiqu’il en soit, ces municipales redessineront la carte électorale du pays, non pas en termes de disparition des deux dominateurs, mais sonneront comme un coup de semonce pour «modernistes» et «islamistes» qui pourraient payer cher aux prochaines élections. En tous les cas, le vieil locataire du palais de Carthage, devrait en tirer toutes les conséquences.

La Rédaction

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR