Mutinerie au Burkina Faso: les têtes du CEMGA, du CEMAT et du patron de l’ANR exigées

Les choses ont débuté très tôt, en début de matinée (aux environs de 5 heures) ce dimanche 23 janvier 2022 lorsque les premiers tirs ont été entendus au camp Sangoulé Lamizana qui abrite la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA), où sont détenus plusieurs militaires dont le général Gilbert Diendéré. La situation est la même au camp général Baba Sy, à la Base aérienne 511, dans un régiment de Kaya (Centre-Nord) et à Ouahigouya (Nord) où des tirs ont également résonné. Alors que les habitants de la capitale sortaient de leur sommeil, des tirs nourris d’armes automatiques et parfois lourdes se faisaient entendre. Dans la confusion, les interrogations se bousculent dans les esprits. Que se passe-t-il ? Est-ce une simple grogne ? Sur les réseaux sociaux, la rumeur enfle, des informations font état d’un coup d’Etat et d’une prise du pouvoir par l’armée. Un premier communiqué du gouvernement est publié dans la matinée aux environs de 8 heures. Le gouvernement burkinabè reconnaît «l’effectivité des tirs dans certaines casernes» mais «dément les informations véhiculées sur les réseaux sociaux tendant à faire croire à une prise de pouvoir par l’armée». Le ministre de la Défense, Aimé Barthélémy Simporé, effectue une sortie sur le plateau de la Télévision nationale. Il explique qu’il s’agit d’incidents localisés. «Il s’agit d’incidents localisés, limités, dans quelques casernes et qu’aucune des institutions républicaines n’a été visée. Les soldats impliqués n’ont pas encore formulé de revendications, et le gouvernement cherche toujours à comprendre leurs motivations», ajoute-t-il. Dans le même temps, le général Simporé dément les rumeurs circulant sur les réseaux sociaux selon lesquelles il serait en état d’arrestation. Au cours de la mi-journée, alors que les tirs devenaient de plus en plus espacés, des sources militaires parlent d’une mutinerie de soldats mécontents. «Des soldats mécontents y revendiquent plus de moyens et d’équipements dans la lutte contre le terrorisme», confie-t-on. Des manifestations spontanées sont organisées pour «soutenir l’action» des militaires mutins. Mais aucune déclaration officielle n’est faite. Plus tard dans la soirée, un enregistrement vocal d’un soldat mutin énumère six points de revendications. Il s’agit de l’exigence par les mutins de «moyens adaptés à la lutte contre le terrorisme et des effectifs conséquents, les remplacements du Chef d’état-major général des armées (CEMGA, du Chef d’état-major de l’armée de terre (CEMAT) et du directeur général de l’Agence national des renseignements (ANR), une meilleure prise en charge des blessés et des familles des défunts, l’évacuation des éléments des Forces armées nationale blessés gravement, la formation d’un personnel adapté à la menace et la constitution d’unités permanentes en lieu et place des effectifs envoyés au front». Cette mutinerie intervient au lendemain des échauffourées qui ont opposé les forces de l’ordre à des manifestants dont le rassemblement avait été interdit à Ouagadougou. Jusqu’en fin de soirée d’hier dimanche 23 janvier 2022, des tirs d’armes automatiques se faisaient encore entendre au camp Sangoulé Lamizana après un moment d’accalmie. Depuis la matinée, l’Internet mobile a été coupé. Un couvre-feu allant de 20 heures à 5 heures 30 a été instauré par le gouvernement sur toute l’étendue du territoire national.

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