Naufrage du Ferry Nyerere en Tanzanie : Capitaine et autorités, tous  responsables et coupables !

Naufrage du Ferry Nyerere en Tanzanie : Capitaine et autorités, tous  responsables et coupables !

Hier alors que le soleil était au zénith, petetée après petetée, cercueil après cercueil, les familles meurtries ont commencé à inhumer leurs proches sur ce rivage de Bwisya, transformant du même coup l’île d’Ukara en immense nécropole.

C’est vrai que le chavirement fréquent des rafiots des nouveaux boat-people cinglant l’océan vers le mirage edénique qu’est l’Europe, a habitué les Africains et le monde à ces images désolantes, de corps noyés, ou de bateaux errant en quête d’un hypothétique port de débarquement. Mais la coulée du MV Nyerere dans le Sud du lac victoria en Tanzanie qui a fait près de 250 victimes sera sans doute, une des plus grandes catastrophes marines de cette fin d’année 2018.

A la différence des migrants qui choisissent volontairement de «mourir dans l’océan plutôt que devant leurs parents», les victimes du Ferry tanzanien étaient qui, un commerçant, qui, un pêcheur, qui, un voyageur anonyme sur une des îles de la région, rien à voir avec donc les candidats au suicide migratoire.

Et s’ils ont rencontré la grande faucheuse sur le lac victoria, c’est essentiellement dû à la faute des hommes. En Afrique, il n’est pas rare, et pas seulement sur les bateaux, mais sur la terre ferme, aussi de voir un camion de transport, charriant bagages, quincaillerie, moutons, et chèvres, voire des bœufs, et des hommes, ledit camion est souvent dépourvu de bons freins et de phares. On appelle ce genre de transport, transport mixte, qui coûte régulièrement la vie à des dizaines de personnes, sans que les autorités ne mettent définitivement le holà. On est mémoratif du Joola au Sénégal, dont le naufrage le 26 septembre 2002 aura englouti plus de 2000 personnes, une tragédie humaine, noyée dans les mics-macs politiques, judiciaires, et qui in fine, n’aura jamais été élucidé.

Or que de promesses à l’époque de la part des autorités sénégalaises. A Bwisya, devant les familles, le Premier ministre Kassim Maja-Liwa a fait la promesse de résoudre les tenants et les aboutissants de ce drame, autrement dit de situer les responsabilités. Il n’est pas jusqu’au chef de l’Etat, John Magufuli, qui le vendredi 21 septembre, au lendemain du naufrage, indexait le capitaine du Ferry, absent au gouvernail, un Magufuli qui a ordonné «l’arrestation de toutes les personnes impliquées dans la gestion du Ferry».

Tant mieux, mais ce que les autorités oublient, c’est que si les premiers responsables du «MV Nyerere» sont coupables, elles aussi le sont à tout le moins responsables. Pour avoir été dilettantes dans la sécurité de ce Ferry et de façon générale, sur le genre de trafic marin. Le naufrage de ce 20 septembre, n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui d’un autre ferry, le Bukoba, en 1996 au large de Mwanza toujours en Tanzanie, et qui avait fait 800 noyés. A 22 ans de distance, c’est-à-dire du Bukoba au «MV Nyerere» c’est toujours la même négligence, les mêmes vœux pieux d’assainir le domaine, et le même laisser-aller dans l’esprit de lucre, et qui endeuillent autant de familles. Anathémiser, le capitaine du Ferry, d’avoir laissé les commandes à de tiers personnes, c’est déjà bien, mais il faut aller au-delà, et remonter jusqu’aux autorités de transports maritimes, y compris le ministre, car si le capitaine est le premier coupable tout indique, les autorités du pays sont responsables tout autant. C’est à cette justice et ce travail de salubrité qu’on épargnera la Tanzanie de cette loi des séries maritimes.

Sam Chris

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