20 ans se sont écoulés depuis cette fatidique nuit du 26 septembre, où le ferry Joola manifestement bondé de passagers plus qu’il n’en fallait, s’est sabordé à 40 km des côtes de Ziguinchor, emportant dans les profondeurs des eaux 1 863 personnes.
Quelques rescapés survivront à cette catastrophe contemporaine, sans doute la plus immense de notre temps.
20 ans après, les parents des victimes ont toujours le cœur qui saigne, car si des pas ont été faits allant dans le sens du deuil, pour ces derniers, l’Etat traîne les pieds pour qu’enfin ceux qui ont perdu des êtres chers, puissent enfin tourner la page et enfin que les âmes des défunts puissent reposer en paix. Certes, chaque année, à la commémoration comme l’a relevé la fille d’une victime, il y a des «discours», mais ceux-ci sont devenus des quasi-marronniers, et il faut maintenant plus. En effet, nombreux sont ceux qui ne parviennent pas à faire le deuil, pour absence de corps, ou de reste.
C’est pourquoi, si le Mémorial-musée de Ziguinchor qui sort doucement de terre est une œuvre qui participe à cette catharsis, ce bâtiment doit «pouvoir contenir les reliques du Joola», selon Elie Diatta, de l’Association nationale des familles des victimes. Hier, recueillement, prières ont ponctué ce triste anniversaire, mais cela n’a pas suffi à dissiper ni la colère, ni le deuil, car pour les affectés par ce drame, il faudra franchir un cap qui est le repos des victimes.
Dans les us et coutumes africains, et même dans ce Sénégal fortement islamisé, une âme d’un mort ne trouve la paix que lorsque le décédé a eu droit à des funérailles, à une sépulture digne, à défaut, que là où il a disparu, on puisse s’y recueillir.
C’est pourquoi, dans ce concert de voix qui crient à un abandon du dossier Joola, nombreuses sont celles qui insistent sur le renflouement du Ferry car dans les abîmes des eaux «la houle compresse les âmes et celles-ci ne trouvent pas la paix car la mer n’a jamais été un cimetière», selon toujours Elie Diatta. Au-delà du bâtiment-musée, pour honorer la mémoire des disparus, il faut d’abord sortir le Ferry des eaux. Barre, hélices, ou cloche, l’épave du bâtiment doit être renflouée. Car si les prières au cimetière de Kantène en Casamance, sont des gestes qui apaisent, il manque cette énorme nécropole qui gîte au fond des eaux, et que réclament les parents des victimes, depuis 2 décennies. Tous les gouvernements successifs ont d’ailleurs toujours évité cette question de renflouement. Mémorial-musée oui, car contre l’oubli, rien de tel, mais le Joola où ces centaines de personnes ont péri doit être ramené à la surface. Ce sera les plus grandes funérailles que fera l’Etat à ces 1 863 victimes.
La REDACTION


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