Les législatives auront lieu en 2020 en Guinée-Conakry. Vœu pieux. Car, le pays de Sékou Touré a des difficultés à les organiser depuis l’avènement au pouvoir de Alpha Condé. Elles ont été plusieurs fois reportées à tel point que les Guinéens ont certainement oublié ce que le sens de la députation et de l’Assemblée nationale veut dire en langage courant !
C’est pour évaluer ce processus électoral que deux mastodontes de la politique africaine ont atterri hier lundi à Conakry. Ils se nomment Nicéphore Soglo, ancien président béninois, et Goodluck Jonathan, ancien chef d’Etat nigérian. Ils sont mandatés par le NDI et la fondation du bien nommé Koffi Annan.
L’ordre du jour est clair. Peut-être trop clair pour ne se résumer qu’à cela. Les missionnaires ont cinq jours pour faire ce pour quoi ils sont là. Jeter un œil aux fourneaux où sont marinés les articulations de ces législatives, en espérant qu’elles seront cuites à point afin que les Guinéens puissent aller aux urnes et désigner leurs représentants à l’Assemblée nationale.
Toutefois, une petite boule de cristal fabriquée dans la marmelade du doute laisse entendre une petite voix. Elle murmure que le background des «visiteurs » est assez imposant pour ne pas avoir un double sens. Pour qui connaît leur parcours, l’on sait ce que Nicéphore Soglo représente pour la naissance du multipartisme au Bénin. Il en est un l’un des pionniers. Ensuite, il partage un grand point commun avec Goodluck Jonathan. Ils ont accepté quittés le pouvoir par la voie des urnes, sans tenter d’occire des Lois fondamentales ou de leur faire tourner le bras dans le dos en une clé pour les forcer à leur ouvrir la porte d’un hypothétique troisième mandat.
Autre élément commun et pas des moindres, ils sont tous les deux signataires de la déclaration de Niamey du 4 octobre 2019, qui met au banc des accusés les «modifications intempestives» de Constitution. Cette déclaration prône purement et simplement une extinction de la race des mandats à durée indéterminée à la tête des pays africains.
Reste-t-il encore des doutes que la présence de ces deux personnalités n’est pas fortuite, dans une Guinée-Conakry en sueurs et en sang parce qu’un certain Alpha Condé a décidé monter sur le cheval sauvage et imprévisible de la révision constitutionnelle, au risque de déclencher une cavalcade qui mettra sens dessous dessus un pays qui ne retrouvait déjà pas le nord de son développement ?
La seule question qui s’impose désormais est de savoir s’ils sauront faire entendre raison à Alpha Condé. Les écoutera-t-il ? Ou restera-t-il engoncé dans cet incompréhensible entêtement qui semble être l’apanage des Chefs d’Etat qui décident de rester accrochés au pouvoir ?
Ahmed BAMBARA


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