Opération antiterroriste à Rayongo ; Une action à la Navy Seal qui rassure et met du baume au cœur

Opération antiterroriste à Rayongo ; Une action à la Navy Seal qui rassure et met du baume au cœur

2 mars 2018. Stupéfaction. Les Burkinabè sont interloqués. En plein cœur de Ouagadougou, dans le giron de sa sécurité et de sa défense, une déflagration. Une fumée noire, aussi sombre que les pensées qui habitent le cœur des habitants.

Les ennemis du pays ont réussi, ont eu l’outrecuidance de s’en prendre au fleuron, aux méninges, au cerveau et au symbole de sa défense : l’état-major général des armées. Et depuis lors, les interrogations fusent. Les inquiétudes élisent domicile dans les esprits. Et les questions s’attablent,  faisant cliqueter le couvert des lendemains incertains : le Burkina est-il vraiment sécurisé ? Y a-t-il réellement des hommes qui défendent le territoire ? Si le bouclier est frappé, que deviendra la poitrine nue et vulnérable qu’il était censé protéger ? Que fait l’Agence nationale de renseignements ? Comment les Grandes oreilles ont pu ne pas intercepter pareil dessein ?

Eh ben, l’action d’éclat qui a secoué les chaumières de Rayongo, ce quartier périphérique à l’Est du Ouagadougou, dans la nuit du 21 au 22 mai 2018, va apporter des éléments de réponses plutôt rassurants. Elle informe que depuis cette tonitruante attaque du 2 mars, qui a dû faire  sauter des bonnets de joie à quelque chefs terroristes lâchement tapis entre des dunes sablonneuses, les forces de défense et de sécurité ne dormaient pas. L’Agence nationale de renseignement (ANR) non plus.  Les terroristes ont été pris dans une filature assidue depuis des jours, qui a conduit au  démantèlement d’un premier groupe la semaine dernière, mais sans grande médiatisation. Sans doute pour ne pas gêner les enquêtes.

Et voilà que ce 22 mai 2018, aux environs de 1h du matin, les hommes du commandant Evrad Somda (actuellement en formation aux Etats-Unis), tombent à bras raccourcis sur cette villa jumelée aux couleurs de rose d’amour mais qui cachait des vipères vénéneuses. Malgré l’effet de surprise, les hommes de peu de foi qui étaient terrés dans ce cossu refuge, ont riposté comme de beaux diables qu’ils sont. Après 7 heures de combat, ils rendront finalement les armes, trois par la mort et un quatrième peureusement tapi au petit coin. Comparaison n’est pas raison, mais l’unité spécial d’intervention de la gendarmerie, ce corps d’élite dont la plupart des éléments ont une barbe fournie est au Burkina, ce que les soldats de la Navy Seal sont aux USA, même si l’équipée de ce 22 mai 2018, à Rayongo n’a rien à voir avec celle du 2 mars 2011 à

Abbottabad au Pakistan. Les terroristes de l’arrondissement n°11 de Ouaga, n’atteignant nullement la cheville de Ben Laden. N’empêche c’est un grand coup à l’échelle du Burkina Faso.

Malheureusement, un élément des forces spéciales y est resté. Le Maréchal des Logis chef François de Salle Ouédraogo, entré dans les forces spéciales en mars 2014 après une formation à l’Ecole nationale des sous-officiers de la gendarmerie nationale en novembre 2010, a été fauché. Evacué, il succombera à ses blessures à l’âge de 28 ans, rejoignant les rangs qui deviennent trop longs de ces hommes et de ces femmes qui ont mis leur vie en jeu pour défendre l’intégrité territoriale du Burkina et leurs compatriotes qui y vivent. Paix à son âme, qu’il repose du repos du guerrier ayant accompli son devoir et que le Seigneur panse les meurtrissures du cœur de ses proches.

Pour en revenir à l’opération antiterroriste du 22 mai 2018, elle révèle plusieurs leçons. D’abord, qu’il faut féliciter les forces spéciales et les forces armées d’une manière générale, qui ont toujours répondu présentes lorsque le devoir les sommait d’être présentes. Leurs membres ont certainement le plus payé depuis que cette guerre éreintante avec des ennemis invisibles et pernicieux, a commencé.

Ensuite,  c’est sans doute le laurier le plus visible et le plus éclatant de l’Agence nationale de renseignements, sur laquelle les critiques n’étaient pas la chose la plus rare depuis sa création. Accusée d’être nonchalante, inefficace et incapable de prévenir les catastrophes terroristes qui s’abattaient sur le pays, elle vient, par l’action de Rayongo, de montrer qu’elle commence à prendre sa vitesse de croisière et qu’elle peut être importante dans l’arsenal contre le terrorisme.

Cette opération intervient au lendemain de la publication de Humanrightswatch sur les exactions que commettraient les forces armées dans le Nord dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Comme une réponse qu’il n’y a pas que des bavures, quoique l’on sait qu’il n’y a pas de guerre propre, surtout au regard de l’arsenal qui a  été découvert dans la villa violette, qui pourrait peut-être signifier qu’une autre opération sanglante et d’envergure était en préparation contre la vie de Burkinabè. Kalach, AK47, tenues militaires burkinabè et françaises, bombe artisanale, toute cette batterie militaire n’était pas pour aller parader à la Place de la nation !

Dans tous les cas, de l’avenue Kwameh Nkrumah à Nassoumbou en passant par Djibo et Nouna, les Burkinabè et tous ceux qui sont touchés de près ou de loin par les attaques assassines perpétrées par les terroristes sur le territoire burkinabè, peuvent trouver dans l’opération de Rayongo, des motifs  de réconfort, du baume au cœur même si cela ne leur rendra pas leurs parents tués. Le Président du Faso a même tweetté pour saluer cette œuvre de salubrité sécuritaire.

Toutefois, et c’est la dernière leçon qu’il ne faut jamais oublier, c’est qu’il ne faut pas dormir sur ses lauriers. Ne nous gargarisons pas trop sur cette bataille gagnée, car la guerre, elle, est toujours là. La lutte contre le terrorisme n’est pas comme un film d’action à la télé où tout finit avec la mort du chef des bandits. Rayongo n’est qu’une victoire d’étape d’un combat qui s’annonce long et coûteux. Les chefs terroristes qui emploient les chefs terroristes qui emploient les terroristes qui sont alpagués par les forces armées nationales ont la rancune tenace. Ils détestent la défaite et l’humiliation. La culture des représailles est inscrite dans leur sang. Il n’est pas exclu qu’il n’y ait pas d’autres cellules dormantes dans les ruelles les plus insoupçonnées de Ouagadougou, qui seront réveillées pour laver l’affront de Rayongo !

Une seule hirondelle ne faisant pas le printemps, et après avoir été ragaillardis par Rayongo, Forces armées nationales et populations doivent rester sur le qui-vive et ouvrir l’œil et le bon pour détecter tout mouvement suspect ou toute maison aux couleurs d’amour qui pourrait abriter des geysers de la haine.

Ahmed BAMBARA

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