Ouattara investi candidat en Côte d’Ivoire : Un 3e mandat coûte que coûte

Ouattara investi candidat en Côte d’Ivoire : Un 3e mandat coûte que coûte

«Stade rempli recto-verso». Les Burkinabè connaissent bien cette expression. Alassane Ouattara et le RHDP l’ont utilisée à leur insu lors de l’investiture du candidat à la présidentielle d’octobre prochain en Côte d’Ivoire. Le stade a été rempli à l’envers et à l’endroit. De quoi faire pâlir de jalousie tous ceux qui élèvent drapeaux et râteaux pour dénier le droit de Ouattara de briguer ce 3e mandat qui sonne comme une arête en travers des gorges de constitutionnalistes, de démocrates et de férus d’alternance à la tête des pays africains.

Tellement rempli qu’une phrase a échappé au candidat lorsqu’il prenait dans ses bras celle qui venait de le déclarer investi de l’étendard du RDHP pour la joute électorale à venir : «on s’en fou de corona» ! Oui, les militants du RHDP s’en foutent du coronavirus ! Pourvu que le stade soit plein et que leur champion montre à ses détracteurs qu’il s’en «fout d’eux» aussi. Il «s’en fout» de leurs jérémiades, de leurs cris de protestation et de leurs vitupérations contre son 3e mandat qu’il veut avoir, vaille que vaille.

Mais s’en fout-il des Ivoiriens qui tombent raides morts, frappés par la répression des manifestations contre son envie irrépressible de rempiler ? Pour en être sûr, il faudrait qu’il le dise devant micro aussi. A haute et intelligible voix. En attendant qu’on le sache et en se disant qu’il ne pourrait raisonnablement minimiser la mort d’Ivoiriens, ses opposants s’en chargent pour lui. De Henri Konan Bédié à Guillaume Kigbafori Soro, leur philosophie est faite. Celui qui viole, à leurs yeux, la Constitution ivoirienne n’a aucun égard pour la vie de ses compatriotes qu’il est prêt à sacrifier sur la route qui conduit à son maintien au gouvernail de l’Eburnie.

Eh oui ! Lancé comme un TGV dont les freins ont lâché, Alassane Ouattara est décidé à arriver à bon port. Des quolibets du jeune président bissau-guinéen qui «ose» affirmer que briguer un troisième mandat est un «coup d’Etat» ? Ce n’est qu’un jeune président effronté qui n’a encore rien compris aux enjeux du pouvoir. Qu’il demande au  «dinosaure» de la politique en Guinée Alpha Condé, pour qu’il lui donne quelques conseils !

Et le plan du candidat est apparemment bien ficelé. L’armée nationale semble être bien «verrouillée». De sorte à éviter une «révolution des colonels» comme on le constate au Mali à côté. Les partis politiques et leurs manifestations perlées ? Les forces de l’ordre semblent avoir été bien briefées pour casser du contestataire. Et les fumées qui fusent des quartiers de Côte d’Ivoire et qui sentent les affrontements et règlements de comptes inter-ethniques ou intercommunautaires ? Cela ne semble pas une grande préoccupation de l’heure.

Pourtant, les fils du tissu de la paix sociale tant brandie pour justifier l’engagement sur le chemin du troisième mandat sont en train de se défaire chaque jour un peu plus. Il reste à espérer que le TGV ivoirien ne fonce pas dans un bloc de mur….

Ahmed BAMBARA

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