Le palais d’Etoudi a donc tranché dans la polémique qui a opposé la semaine dernière les ministres Réné Sadi et Ngoh Ngoh, en faveur du second. «Je suis candidat», a-t-on pu lire le dimanche 13 juillet 2024 sur la page Facebook X du président sortant, nonagénaire avec 43 ans au compteur comme chef de l’Etat. Pas de surprise, comme le disent les Camerounologues et d’autres connaisseurs du marigot politique de ce pays. Que des opposants disent que ce n’est pas Paul Biya qui a écrit cette page, que c’est son proche entourage qui s’en est chargé, Paul Biya est candidat c’est tout !
Dans un Cameroun dont l’encéphalogramme politique est souvent désespérément plat, sauf les débats, polémiques et souvent invectives par presses interposées, cette candidature de l’enfant terrible de M’Vomeka à l’heur de réveiller les écuries, dont le secret profond de certains était qu’il dise qu’il n’est pas candidat, hypothèse improbable à la limite.
Depuis ce 6 novembre 1982, qu’il a succédé à Ahmadou Ahidjo, Paul Biya a imposé une gouvernance faite de secret, de verrouillage de sa vie privée comme professionnelle, et de longs séjours à l’extérieur, bref une gouvernance éloignée, mais efficace à telle enseigne que Jacques Chirac, avait demandé comment il faisait pour tenir le Cameroun ?
A rebours de ces cris d’opposants, de la vox populi nationale et internationale, d’ailleurs souvent teintée d’hypocrisie, car pour moins que 8 mandats, on a crié haro sur le baudet sur certains chefs d’Etat, si on n’a pas contribué à les débarquer, surtout s’ils ne faisaient plus l’affaire des maîtres occidentaux généralement. A rebrousse-poil de ce choeur de désaprobation, qu’en pense le citoyen lambda ?
Paul Barthélémy Biya coche toutes les cases d’un président qui devrait faire valoir ses droits à la retraite, mais il est là. On se tait, outre-manche, outre Rhin…et surtout les Camerounais (dépités, blasés ?) s’en accommodent. Pourquoi d’autres pousseraient des cris d’orfraie ? Que des jeunes disent que le Cameroun ne fait plus rêver, que les Maurice Kamto, Akere Muna, et autres Bukari Tchiroma et Bello Maigari appellent à une alternance et à une alternance du système Biya-RDPC, qu’en pensent la majorité des Camerounais ?
Entre le désabusement des Camerounais, et l’opposition toujours en rangs dispersés, il n’existe plus un John Fru Ndi, qui fit jeu égal en 1992 avec Biya. Mené avec la défection des 2 ex-ministres poids lourds du septentrion.
Pour mitigés qu’ils soient, ses compatriotes à la limite s’en moquent comme de leurs premières barboteuses. Dans le Cameroun du système D, où les populations ont appris à vivre sous le système de l’hôte du palais d’Etoudi, rien n’est grave. 43 années d’acclimatation, ça vous immunise contre tous les desiderata socio-politiques.
Pas plus que les 7 devancières, l’élection de ce 12 octobre 2025 ne dérogera pas à cette règle d’airain, et ce, en dépit du départ de 2 alliés de poids. Peut-être sentira-t-on que le Nord le Grand Nord et l’Adamao, le RDPC fera un score moindre, mais de là à soupçonner que Biya ne remplira pas, peu de Camerounais se risqueraient à un tel pari. Il y aura des élections en octobre au Cameroun ? demanderont même d’autres, tant la routine anesthésiante a fait son travail sur les citoyens. Biya en route vers un 8e mandat ! Et alors ? C’est un non-évènement au Cameroun.
Aujourd’hui au Faso


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