Elle se manifeste entre autres par une difficulté respiratoire avec une toux sèche pouvant dans les heures qui suivent ramener du sang, une douleur basi-thoracique en général unilatéral, une angoisse. L’embolie pulmonaire, puisqu’il s’agit d’elle, «est due à l’obstruction de l’artère pulmonaire ou une de ses branches par un caillot le plus souvent sanguin». Pour tout savoir sur cette pathologie grave, qui met vite en jeu le pronostic vital du patient (en moins de 24 heures), parcourez cet entretien réalisé avec le Pr Georges Ouédraogo, pneumologue tabacologue au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO).
Qu’est- ce que l’embolie pulmonaire et quels sont ses symptômes ?
L’embolie pulmonaire est une maladie grave qui met vite en jeu le pronostic vital. Elle est due à l’obstruction de l’artère pulmonaire ou une de ses branches par un caillot le plus souvent sanguin.
Les symptômes sont divers et variés : la mort subite dans les formes graves d’emblée, ou une difficulté respiratoire avec une toux séchée pouvant dans les heures qui suivent ramener du sang (hémoptysie de faible abondance), une douleur basi-thoracique en général unilatérale, une angoisse.
Quelles peuvent être ses causes ou facteurs de risque ?
Concernant les facteurs de risque il convient de citer :
Plus globalement, toutes les situations favorisant l’immobilisation prolongée ;
Certains actes chirurgicaux particulièrement la chirurgie orthopédique, gynéco-obstétricale ;
certaines pathologies cancéreuses et les immobilisations plâtrées ;
la contraception œstroprogestative ;
L’obésité, les varices…
Les causes des autres types d’embolies :
L’embolie gazeuse se voit dans certains avortements ;
L’embolie septique est un bouchon qui est en fait une agglomération microbienne ou parasitaire liée à des fragments de tissus nécrosés. Ce corps étranger se comporte comme un caillot et provoque les mêmes effets ;
L’embolie graisseuse est accidentelle (à la suite d’une fracture ouverte la moelle osseuse va pénétrer dans la circulation sanguine).
Dans quel cas la grossesse augmente-t-elle les risques de l’embolie pulmonaire ?
La grossesse est un état physiologique, mais c’est un facteur de risque de l’embolie pulmonaire. Le fait d’avoir l’utérus gravidique avec une augmentation du volume du ventre cela comprime les veines et le sang a tendance à rester en périphérie favorisant ainsi la constitution des thromboses veineuses.
Comment évolue cette maladie et quelles peuvent être ses complications ?
Sous l’effet du traitement anticoagulant, l’amélioration est rapide en 24 à 48 heures. Cependant, l’aggravation est possible au cours des premières heures imposant le recours à la chirurgie (embolectomie) ou au traitement thrombolytique.
L’évolution vers la mort reste très fréquente (on parle alors de cas foudroyantes). Si le cap critique des premiers jours est franchi, les récidives doivent être prévenues par un traitement anticoagulant de longue durée.
Peut-on la prévenir ?
Oui. Il faut identifier les personnes à risque. Si l’on est devant une fracture du membre inférieur ou une immobilisation plâtrée, ou un alitement prolongé (plus de trois jours) ou après une césarienne, il y a une prévention à faire avec des injections d’héparine de bas poids moléculaires. Chez la femme enceinte on peut lui prescrire ce que l’on appelle des bas de contention. Il en est de même pour les longs voyages des personnes prédisposées. Chez les femmes qui ont fait une césarienne, on doit leur faire des injections d’héparine à dose préventive. Il est en outre recommandé de ne pas rester assis pendant les vols long courrier mais de se lever et marcher le long des couloirs.
Quel est l’état des lieux de la maladie au Burkina ?
La prévalence de la maladie est passée de 11% en 2010 à 20% en 2016. Le Covid- 19 va certainement augmenter cette prévalence dans les mois à venir.
Est-elle connue du grand public ?
Je dirai oui et non à la fois. Certaines personnes suivies pour des maladies chroniques le savent car leurs médecins leur en parlent. La maladie n’est pas aussi très connue parce qu’il n’y a pas d’études sur lesquelles je pourrai m’appuyer pour affirmer mais de façon pratique, dans notre contexte d’exercice de chaque jour, quand on en parle, les gens posent des questions de savoir «c’est quoi l’embolie pulmonaire ?», «quelles sont ses causes ?», «comment faire pour l’éviter ?».
Comment se fait le traitement ?
Le but du traitement est d’obtenir une hypocoagulabilité suffisante pour détruire le caillot, empêcher le développement d’autres thromboses et prévenir la migration d’embolies.
Ce traitement repose principalement sur les anti- coagulants (héparine puis anti-vitamines K) et la contention veineuse en cas de thrombose des membres inférieurs associée.
Y a-t- il un régime alimentaire à suivre quand on souffre d’embolie?
Une liste d’aliments à consommer ou à ne pas consommer est remise au patient. Il convient d’éviter autant que possible, les aliments riches en vitamine K qui diminuent l’efficacité du traitement : les légumes verts (choux, choux fleur, épinards, laitue) mais aussi huiles de soja, avocats… (liste non exhaustive)
Notre pays a-t- il le plateau technique approprié pour la prise en charge de l’embolie pulmonaire ?
Au Burkina Faso nous disposons d’un plateau spécifique pour la prise en charge. L’embolie pulmonaire est d’autant prise en charge par les pneumologues que par les cardiologues. De même que par les médecins généralistes qui sont aussi capables d’initier le traitement et de le suivre. Le vrai problème c’est le coût du traitement qui dure au moins 6 mois et son observance, compte tenu des moyens financiers limités de la majorité des Burkinabè. Sinon, tout existe ici et on peut prendre en charge.
Peut-on en guérir ?
La guérison est possible au prix du respect du traitement prescrit tant dans la durée que la prise des médicaments selon la posologie et le respect des conseils hygiéno-diététiques, des différents contrôles.
Boureima SAWADOGO
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