Présidentielle au Sénégal │ 3 morts à Tamba : crispations électorales au pays de la démocratie

Présidentielle au Sénégal │ 3 morts à Tamba : crispations électorales au pays de la démocratie

Avec la maturité démocratique atteinte par le Sénégal, on aurait pu croire que tout le processus électoral allait être habillé par les boubous de la sérénité et de la responsabilité. Mais ce n’est finalement pas le cas. Tambacounda dit en tout cas le contraire. Des militants de Macky Sall et ceux du PUR, le parti d’Issa Sall, ont fait du «rentre-dedans». Résultats de ces affrontements violents, trois morts et des blessés.

Trois morts que ne saurait justifier la conquête du pouvoir et trois morts de plus dans la triste liste des dégâts «collatéraux» de la quête de la démocratie en Afrique. Il est certain que la responsabilité de l’ensemble des acteurs politiques est à appeler sur le banc des accusés. Les propos des candidats ne sont pas de nature à calmer le fougueux sang des Sénégalais. Les harangues démesurées font habiter des sentiments de violence dans le cœur de militants déjà surchauffés par la morose généralisée qui s’est abattue sur presque toute la planète comme une des plaies de l’Egypte. Et comme en pareille cas, alors que le président-candidat Macky Sall pointe un doigt accusateur sur ses adversaires dont il est vrai, certains font dans la surenchère, ces derniers répliquent qu’en matière de sécurité, il n’y en a que pour le camp de Macky Sall, et rien pour eux. Mis en accusation : le ministre de la sécurité et de facto, Macky Sall garant de la probité, de la crédibilité et de la sécurité du processus électoral. Dans cette région à l’intérieur du Sénégal au climat chaud, la tension est donc montée d’un cran et le pire est à craindre à mesure que la date du 24 février approche.

Frileux de voir leur candidat gagner les élections en espérant ainsi voir changer leurs conditions de vie, les envies et les espoirs se transforment souvent en haine de l’autre, le voyant comme l’obstacle à l’allègement des peines et des souffrances. On peut comprendre, à tout le moins trouver des bribes d’explications à ces crispations électorales, dont les miasmes ont ensanglanté Tambacunda :

les prouesses d’Idy et du jeune Ousmane Sonko, qui font planer la possibilité s’un second tour troublent-elles le sommeil du camp du pouvoir ?

la revendication maximaliste de l’impromptu ‘’Gorgui’’ qui ne demande pas moins que l’annulation su scrutin irrite-t-elle Benno Bokk Yaakar à telle enseigne qu’elle devient nerveuse ?

à moins que ce ne soit effectivement des provocations des opposants pour saboter le processus ?

Les hommes politiques sénégalais devraient donc baisser la tête devant la tournure prise par les évènements à Tambacounda et qui n’honore absolument pas la classe politique et la démocratie sénégalaises.

Quel que soit le cas, le chef de l’Etat sortant devrait veiller à ne pas laisser un environnement fertilisant aux appels du pied d’un certain Abdoulaye Wade, qui ne demande que purement et simplement l’annulation du scrutin pour mieux la reconduire, et surtout il devrait calmer ses ouailles et rassurer les Sénégalais

Le président sortant sénégalais devrait moins montrer sa volonté de gagner ces élections au détriment de ses concurrents. Il n’y a rien de plus glorifiant de gagner un combat à la loyale. L’autre versant étant une pente où le discrédit sera le seul à battre des mains à tout rompre. Car le Sénégal depuis des années et encore plus depuis la première alternance en 2000, dont l’artisan n’est autre qu’ «Ablaye» Wade nous a habitué à des dévolutions de pouvoir sans heurts policées et même quand le pire est redouté, comme en 2012, la démocratie retombe sur ses deux pieds. Serait-ce encore le cas en 2019 ?

Ahmed BAMBARA

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