Contrairement en 2019, les 966 mille électeurs n’auront pas eu en ce dimanche 23 novembre 2025 à départager entre Umaro Embalo Sissoco le président sortant, et son éternel rival Domingos Simoes Pereira mais entre le premier et Mario Vaz et 9 autres prétendants plus accompagnateurs ou comparses que véritables présidentiables.
Le champion du parti historique le PAIGC et sa plate-forme de dizaine de partis politiques ont en effet été écartés le 24 septembre dernier, par la Cour suprême pour dépôt tardif de dossiers de candidature. Une justice qui semble participer au dur désir d’Embalo d’obtenir son deuxième mandat sans coup férir.
Ainsi, hier pour la présidentielle et les sièges des 102 députés, on aura assisté à un scrutin insipide, dénué de toute part d’incertitude sur l’identité du vainqueur pour la magistrature suprême.
Au regard des forces en présence et du processus électoral pipé, Embalo est quasiment donné comme le super favori de ce vote. Mario Vaz et les autres n’y peuvent rien malgré le fait que justement, le PAIGC a appelé à voter pour lui. A la vérité, le sortant a voulu seulement satisfaire à une formalité pour ne pas donner raison à ceux qui diront après qu’il n’a pas organisé d’élection sinon en fixant de façon autoritaire la date des votes au 23 novembre, en dissolvant l’Assemblée nationale et en confinant l’opposition particulièrement Domimgos du PAIGC dans un angle mort, Embalo a mis toutes les chances de son côté pour rester assis dans le fauteuil présidentiel.
Reste que si déjà il y a 5 ans la CEDEAO a mis 4 mois pour reconnaitre la victoire d’Embalo tant la crise protéiforme pré et post électorales avaient prédominé, la présidentielle de ce 23 novembre 2025 est aussi grosse de nombreux lests dont l’instabilité politique et institutionnelle. Abonné aux vrais-faux coups d’Etat dont le plus illustre fut l’assassinat du président Nino Vieira le 2 mars 2009, régicide qui signa le prélude à plusieurs autres tentatives de déstabilisation dans un pays où l’armée et le politique forment une entité insécable. II y a eu au total 4 pronunciamientos réussis et 17 qui ont foiré depuis 1973. Et à la veille de ce scrutin, une conjuration a été éventée avant le début de la campagne et plusieurs officiers mis aux arrêts. Ce n’est pas de bonnes augures pour entamer un mandat ; pauvreté endémique et chômage s’ajoutant aux bruits de botte ce sont autant de coups de semonce pour signifier que tout reste fragile en Guinée Bissau. On a l’impression que c’est par des rafistolages, des arrangements et l’usage de la force que le microcosme politique tient dans le pays, autant dire sur un fil même si Embalo a encore martelé que « l’ordre et la discipline » règneront ! les élections sous bonne garde militaire ont été paisibles.
Il va remporter le scrutin d’hier avec son mouvement NO Kumo Guné (Avancer Ensemble) ayant délaissé son traditionnel parti le MANDEM-G15, mais l’enjeu crucial de ces votes demeurent la paix et la stabilité des 2,2 millions d’âmes. Entre l’armée qui est en back office mais qui détient la réalité du pouvoir, la lutte contre les narcotrafiquants et les adversaires politiques frustrés, ce quinquennat sera studieux et risqué à la hauteur sans doute de l’officier supérieur reconverti en animal politique qui …aime tant que les défis.
Aujourd’hui Au Faso


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