Présidentielle du 25 octobre 2025 en Côte d’Ivoire : Prégnance du fatum des années 2000

Présidentielle du 25 octobre 2025 en Côte d’Ivoire : Prégnance du fatum des années 2000

Les Ivoiriens ont voté samedi dernier pour élire le président de la République parmi 5 candidats sur la ligne de départ dont le sortant Alassane Ouattara.

 

Un scrutin calme dans l’ensemble, comme le sérine Ibrahime Coulibaly Kuibiert, le patron de la CEI, qui mentionne quelques couacs dans certaines localités mais qui sont insusceptibles de peser sur la sincérité du vote. Un millier d’observateurs nationaux et un peu plus de 200 de la CEDEAO ont aussi observé cette présidentielle. Calme certes, mais avec des crispations électorales à Abidjan, à Gagnoa, le fief de Laurent Gbagbo, président du PPA-CI recalé, à Yamoussoukro, et boycott même de certains militants de ce parti et du PDCI, dont le leader a lui aussi vu son nom biffer pour cause de nationalité. La présidentielle 2025 aura montré qu’à défaut d’une désaffection, l’électorat est blasé par les mêmes rituels, quasiment la même faune politique. Sous réserve de consolidation des chiffres, la CEI parle de 50% de taux de participation atteignant même plus de 90% à des endroits alors que le dépouillement n’est pas encore terminé et confirmé. Moins de 3 points que 2020. L’absence d’une vraie opposition en l’occurrence Gbagbo et Thiam explique ce constat. Et derechef la suite, car pour beaucoup, la CEI en retenant les 4 candidats qui n’en mènent pas large électoralement, elle a tronqué l’enjeu du scrutin. Car si 700 personnes ont été arrêtées, et une trentaine jugée et condamnée, si cette présidentielle est encore source de tensions comme le furent celles de 2010-2015 et 2020, c’est que les mœurs politiques dans ce pays donnent une illusion d’optique. Au parti unique d’Houphouët des années 60 et 70 (avant l’ouverture au multipartisme) à ce « parti unifié » selon le mot de Senghor, qui a vécu, se cache un multipartisme de façade qui organise des élections, mais au fond le pouvoir, tout le pouvoir est entre les mains d’un seul et de ses obligés. Depuis les années 2000,  jusqu’en 2025, en passant par « l’élection calamiteuse de Gbagbo », sans oublier la terrible guerre post-élection de 2010, toutes ces années ont un commun dénominateur : le marigot politique ivoirien reste l’affaire du plus fort qui exclut les autres, soit par des artifices juridiques ou une question de nationalité…

 

La présidentielle 2025 n’a pas dérogé à cette marque de fabrique : Ouattara est la figure totémique qui domine tout en Côte d’Ivoire. Il est le deus ex machina politique de ces 2 dernières décades dans ce pays. Son parti le RHDP est fort car adossé à lui qui surplombe tout le monde. Prégnance donc des miasmes des années 2000 avec 2 pachydermes de la lagune Ebrié (Ouattara et Gbagbo) qui continuent à se tutoyer et une quasi « Ouattarisation » de la vie politique de la Côte d’Ivoire. En route vers un 4e mandat, on ose espérer qu’il a un plan pour ne pas vendanger tous ses acquis qui font de lui un second Houphouët.

 

 

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