Présidentielle en Côte d’Ivoire : Ouattara et KKB feront-ils l’affaire ?

Présidentielle en Côte d’Ivoire : Ouattara et KKB feront-ils l’affaire ?

Quel résumé faut-il faire de la conclusion de la mission de la CEDEAO en Côte d’Ivoire ? Elle renvoie dos à dos les différents protagonistes et leur demande de…se débrouiller pour que ça ne «pète» pas dans la chaudière ivoirienne. C’est la quintessence des propos de Shirley Ayorkor Botchwey, cheffe de la diplomatie ghanéenne, qui dirigeait cette cavalerie de la CEDEAO : «les élections du 31 octobre auront lieu, et nous souhaitons que tout le monde y participe». Et si Bédié et KKB les boudent ? «C’est leur droit … » a-t-elle répondu. Et après, chacun s’est empressé de prendre place dans l’avion qui a quitté le tarmac de l’Eburnie.

Réalisme teinté sans doute d’agacement dans les paroles de la ministre, qui n’en traduisent pas moins que le dossier ivoirien est très corsé.

Sous les ailes de l’oiseau de fer qui venait de décoller, les Ivoiriens avaient commencé déjà à se regarder en chiens de faïence et à se porter des coups de latte et de pierre. Triste spectacle. Désespérante scène qui se joue à l’envi et qui se répète avec une douloureuse redondance sur les plaies cicatrisées puis rouvertes en Côte d’Ivoire. L’Afrique est-elle vraiment condamnée à vivre et revivre des moments de déchirement lorsque les élections pointent leur nez ? Pourquoi le combat pour la conquête du pouvoir d’Etat ne peut-il pas se mener sans que l’ingrédient du sang ne soit forcément griffonné dans la liste de la recette ?

En attendant d’y répondre, revenons à l’avion de la délégation de la CEDEAO et du message qu’il a laissé sur les rives du lac Ebrié avant de décoller. Les Chefs d’Etat de la communauté économique ne veulent pas du report de l’élection présidentielle. Ils veulent qu’elle se tienne et surtout, que les opposants y participent, tout en faisant en sorte de ne pas allumer le feu dans les entrailles de leur pays. Ici en Côte d’ivoire, on connaît les raisons de ce yoyo politique, lesquelles raisons ont pour noms : 3e mandat de Ouattara, exclusion de Laurent Gbagbo et Guillaume Soro de la compétition, et même une élection tronquée à l’évidence, … De tous ces sujets qui fâchent la CEDEAO, louvoie, essaie de préserver la chèvre et le choux, exercice impossible s’il en est.

En effet, ils ont soigneusement évité la question qui pourtant forme la trame de la crise ivoirienne. Il s’agit du troisième mandat d’Alassane Ouattara. Pourquoi ses pairs ne lui ont-ils pas dit de renoncer à cette velléité qui aurait sans doute suffi pour éteindre le feu qui couve sous la Côte d’Ivoire et dont la fumée âcre commence déjà prendre  à la gorge ? Manque de courage ? Ou les exhortations voire les objurgations ont-elles été menées de façon souterraine  mais sans effet concret ? Il est vrai qu’on voit mal, comment le direct mais diplomate Issoufou du Niger pourrait dire à Ouattara de laisser tomber une telle lubie, encore moins le Béninois Talon, ou le jeune Faure Gnassingbé du Togo, ou l’affable Roch Kaboré du Burkina. Seules peut-être les voix d’un tel tonneau pourraient venir des présidents anglophones, Nigéria, ou Ghana. Encore qu’entre chefs d’Etat, il y a des choses qu’on évite de se dire, chacun croulant sous ses problèmes domestiques !

Quoi qu’il en soit, cet appel au dialogue et à faire en sorte de ne pas allumer la poudre risque de tomber dans des oreilles de sourds. Alassane Ouattara n’est pas prêt à renoncer à son troisième mandat. Henri Konan Bédié et Affi N’Guessan ne vont sans doute pas accepter prendre part à un scrutin si cette condition n’est pas remplie. On restera donc campé sur le sol du statut quo actionneur de l’actuelle tension qui cause des rhumatismes à la Côte d’Ivoire. La diplomatie préventive a ses limites.

Dans cette configuration, Kouadio Konan Bertin (KKB), qui seul reste en course et Alassane Ouattara feront-ils à eux deux l’affaire sur le ring de la présidentielle ? Oui et non. Oui car juridiquement, il n’y aura aucun problème, puisque les bulletins de vote devraient en principe contenir les affiches de tous les candidats et la photo et les logotypes sont déjà imprimés, et qu’ils aillent ou pas, Bédié et Affi N’Guessan seront bien présents à cette élection du 31 octobre. Et quand bien même Ouattara serait seul allé seul à cette étape, le vote sera valide.

Non car, il restera la question de la légitimité. En effet, ce sera Ouattara avec son accompagnateur KKB, et avec le boycott annoncé, le taux d’abstention pourrait atteindre une proportion stratosphérique. Mais apparemment, c’est un cas de figure qui ne sera pas si étranger aux Ivoiriens… Ils en ont l’habitude. Révisions 2005, par exemple.

Ahmed BAMBARA

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