Présidentielle en Ouganda : Vote calme sous muselière

Présidentielle en Ouganda : Vote calme sous muselière

Les Ougandais sont allés aux urnes. Les rues étaient calmes. Les bureaux de vote aussi. La tambouille n’a pas fait tanguer l’embarcation de l’élection. L’orage qui a soufflé pendant l’avant consultation électorale n’a pas créé de rides sur l’eau du jour du scrutin. Yoweri Museveni a tout de même mis les moyens pour cela ! La grande muette a été déployée à Kampala, la capitale.

Mais ce n’est pas tout. La principale arme des citoyens du 21e siècle, Internet, a été … désarmée. Un tamis, voire un sas a engorgé les fibres de la Toile mondiale qui ne peuvent plus abreuver la soif d’informations des Ougandais. La clé passe-partout du maintien de l’ordre public et la sempiternelle excuse de la prévention contre les troubles ont été brandies pour nourrir ce filtrage de la connexion Internet.

Mais nul n’est dupe. Le «vieux» Yoweri Museveni se méfie et a sans doute pris la mesure de la force de frappe virtuelle de son plus sérieux rival, Bobbi Wine. Le député ancien créateur de sonorités est porté par la vague jeune et sait utiliser sa planche pour surfer sur la houle du Net pour faire passer son message. Du reste, il avait déjà donné le la en demandant à ses militants de télécharger une application afin de surveiller ce qui va être fait de leur vote une fois qu’il sera enfoui dans l’urne.

C’est un procédé intéressant qui devrait permettre aux Ougandais de mieux surveiller les élections. En temps normal et si l’on admire les atouts de la démocratie telle qu’elle est pratiquée dans les pays qui ont su la magnifier, ce rôle de vigie par la population n’était plus nécessaire. Mais sous les feuilles ombrageuses et opaques des tropiques,  la confiance n’existe tout simplement pas, rendant obligatoires le contrôle et la surveillance. Les électeurs, en plus d’exprimer leur suffrage, doivent le surveiller comme du lait sur le feu, depuis l’urne jusqu’à la proclamation par la bouche du chef de céans électorales.

D’où l’intérêt de cette application qui aurait pu répertorier en direct et de façon pratique les éventuels cas de fraudes. Certes, la tentation que les fake news inondent cette plateforme numérique est grande, puisqu’on n’oublie pas que Bobbi Wine est avant tout devenu un homme politique, et c’est connu, on ne laisse pas traîner ange à côté d’un Homme politique ! L’éventualité de violences basées sur ces fausses informations n’est par conséquent pas à négliger.

Toutefois, l’empressement de Museveni à museler Internet est tout de même suspect. Rien ne prouve qu’il ne voudrait pas lui aussi empêcher certains faits qui se prépareraient d’être divulgués sur la Toile. Ce qui décrédibiliserait une probable victoire qu’il dessine assurément dans son esprit et ses prévisions. D’ailleurs, les réseaux sociaux sont d’un grand atout pour son concurrent et rival immédiat. Lui couper ainsi l’herbe sous les pieds relève de la concurrence déloyale mais aussi, une violation de la liberté d’expression.

Difficile dans ces circonstances d’augurer une issue post-électorale des plus apaisées. En tous les cas, les regards sont désormais tournés vers la bouche des urnes.

Ahmed BAMBARA

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