Présidentielle malienne : Soumaïla Cissé revendique Koulouba, avec 51,79%

Présidentielle malienne : Soumaïla Cissé revendique Koulouba, avec 51,79%

Pour sa première sortie après le second tour, Soumaïla Cissé a été gratifié d’un «Son Excellence». Même si l’enfant de Nianfunké n’a pas franchi le pas du non-retour (en programmant son investiture par exemple), il a clairement indiqué avoir été élu président de la république du Mali, avec 51,79% des voix. Samedi 18 août, une marche au rythme de «IBK voleur» a donné le ton de l’atmosphère post-électoral.

Cet après-midi de vendredi 17 août, Soumaïla Cissé a fait son entrée dans la salle de réunion de l’hôtel Salam sous les cris de «Soumi président», ce qui n’a rien d’extraordinaire sous le ciel politique malien. Mais très rapidement, la juste mesure sera prise lorsque s’adressant au principal challenger, le maître de cérémonie lancera «Excellence monsieur le président de la République», avant de poursuivre, en déclarant que «le plus grand échec, c’est de ne jamais essayer. Vous avez essayé, vous avez réussi», dira-t-il. La salle explose !

La charge de justifier cette appellation est revenue à Abderrahmane Diarra. Dans une démarche qui se veut scientifique, celui qui a claqué la porte de la commission de centralisation des résultats pour dénoncer la «monstruosité» des fraudes et des bourrages d’urnes, s’est appuyé sur un calcul simple et sur la loi électorale (que nous n’avons malheureusement pu vérifier) qui stipule qu’un bureau de vote ne peut excéder plus de 500 votants. En 11 diapositifs projetés dans la salle, Abderrahmane Diarra s’est employé à démontrer point par point, la culpabilité du camp IBK, accusé d’avoir volé une victoire qui revenait à leur champion. Sur la base du fait que les bureaux de vote se sont ouverts à 8 heures pour se refermer à 18 heures, soit 10 heures de temps de vote, le camp Soumaïla démontre par un procédé arithmétique et au regard du processus de vote (qui consiste à présenter sa carte d’électeur, à la recherche du nom de l’électeur sur la liste, à une vérification de l’identité du votant qui récupère ensuite le bulletin de vote, s’isole dans l’urne, revient introduire le bulletin dans l’urne, avant de tremper son doigt dans l’encre indélébile), qu’un électeur ne peut accomplir son devoir civique en deçà de 1mn et 50s. Sur la base de cette hypothèse, le camp Soumi estime qu’un bureau de vote ne peut enregistrer plus de 250 votants en 10 heures. Au-delà, cela ne peut qu’être un bourrage. Or, il se trouve qu’à travers le pays, bien de bureaux de vote auraient allègrement franchi la barre. Dans certains bureaux, on serait même descendu sous la barre d’1 mn. Exemple : Un bureau aurait présenté 7 bulletins nuls, 314 voix pour Soumaïla et 532 pour IBK, le calcul attribut un temps de vote de 42s à chaque votant. «Ce sont des Usain Bolt», commentera Abderrahmane Diarra, qui multipliera les exemples pour démontrer qu’il est non seulement impossible d’enregistrer autant de votants en 10 heures de temps, mais que plusieurs bureaux comptent plus de 500 votants.

A cela, il faut ajouter, dira-t-il, les hauts faits dans plusieurs bureaux où le candidat IBK enregistre 100% des voix. C’est-à-dire, 0 bulletin nul, et 0 voix pour Soumaïla Cissé. En lieu et place de ces résultats tronqués, le camp Soumaïla a exposé ce qu’il considère être les vrais résultats de ce scrutin. Région par région, les chiffres détenus par la direction de campagne donnent Soumaïla Cissé vainqueur par le score de 51,79%, contre 48,25% à IBK.

Tout naturellement, même s’il n’a pas franchi le pas du non-retour en programmant son investiture, en projetant la formation de son gouvernement ou en évoquant les grands chantiers de son quinquennat, c’est dans la peau d’un chef d’Etat, privé de son droit d’exercer le pouvoir qu’il est monté sur la tribune «je réaffirme encore ici, devant notre peuple et à la face du monde, que si on exclut les résultats issus des bourrages d’urnes avérés dans de nombreux bureaux (…), ainsi que les résultats tout simplement fantaisistes dans de très nombreuses localités du Nord du pays, je sors vainqueur de l’élection présidentielle», martèlera-t-il, avant d’inviter les Maliens à la résistance, car «l’arbre de la fraude et ses feuilles de la corruption ne peuvent cacher longtemps la forêt de l’espoir et du changement». Appel entendu. Le lendemain samedi, de nombreux Maliens ont battu le pavé. Strictement bien encadrés par un impressionnant cordon sécuritaire composé de policiers et de gendarmes, les marcheurs sont partis de la place de la Liberté, ralliant la place MVS par l’avenue Mamadou Konaté, avant d’emprunter l’avenue de la Nation pour déboucher sur le rond-point de l’Indépendance. La marche s’est achevée sur l’avenue du même nom, par des discours, dont celui très marqué de l’animateur vedette Ras Bath, qui n’a rien perdu de sa verve, malgré les menaces qui pèsent sur lui.

Tout en rappelant qu’en tant que «républicain et démocrate», il a maintes fois «donné toute la mesure de son profond attachement à la paix et à la cohésion nationale» au Mali, Soumaïla Cissé à une fois de plus invité les Maliens à se mobiliser pour dire ‘’Non’’ au vol, car cautionner ce vol présidentiel entrainera le pays vers une acceptation du vol des législatives, des municipalités… en somme, vers un Etat érigé sur la règle du vol.

Hamed JUNIOR à Bamako

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