Présidentielle togolaise : Agbéyomé Kodjo, un mauvais perdant ?

Présidentielle togolaise : Agbéyomé Kodjo, un mauvais perdant ?

Trois heures durant, les forces de sécurité togolaises avaient encerclé samedi 22 février dernier, le domicile d’Agbéyomé Gabriel Messan Kodjo, beau-frère de Faure Gnassingbé, président-candidat, pour la quatrième fois, à sa propre succession. Au motif d’assurer de manière républicaine la Sécurité d’un prétendant sérieux au fauteuil de Lomé-Tokoin.

Etant lui-même un ancien ministre de la sécurité, Agbéyomé Kodjo dit déplorer que le pouvoir central de Lomé ne l’ait pas mis au courant avant de déployer autour de sa maison toute une armada de sécurocrates. Pourtant, en bons patriotes soucieux de la préservation de la paix, ces derniers s’étaient fait forts, par la voix du ministre de la Sécurité, Yark Damehane, d’informer le monde entier de l’impérieuse nécessité de s’entourer de telles précautions afin d’éviter l’atteinte de l’intégrité physique de ces deux hommes : Agbéyomé Kodjo et l’archevêque émérite de Lomé, Mgr Philippe Podzro, fervent soutien du candidat malheureux.

Mais que l’encerclement du domicile d’Agbéyomé Kodjo par les forces de l’ordre ait eu lieu quelques heures seulement après la fermeture des bureaux de vote n’a pas manqué d’étonner tous les observateurs de la scène politique togolaise.

Les autorités de Lomé, craignaient-elles d’éventuels troubles en cas de victoire éclatante ou de défaite cuisante de l’une quelconque des deux têtes de pont de ce scrutin, en l’occurrence Faure Essozima Gnassingbé et Agbéyomé Kodjo ? Etaient-elles en droit de croire en une possible alternance par les urnes avec l’élection, dès le premier tour, de l’opposant Messan Agbéyomé Kodjo ? Ou redoutaient-elles le rejet pur et simple par l’opposition et l’électorat national des résultats issus de ce premier tour, la population ayant visiblement soif d’alternance ?

L’orage étant passé, seuls les policiers et les membres de la Fosep, la force de sécurité spécialement déployée pour l’élection présidentielle qui avaient pris position en milieu d’après-midi, vers 17h, autour des deux domiciles, sont en mesure de répondre correctement à ces questions. Ce n’est pas tout, à propos du cordon de sécurité querellé, Agbéyomé Kodjo s’est beaucoup indigné «(…) Si on l’a fait dans le dessein de tripatouiller les résultats et de donner autre chose que la vérité des urnes, je pense que personnellement je ne peux pas l’accepter et le peuple encore moins !» s’est-il écrié au micro des représentants de la presse avant de s’autoproclamer président élu avec plus de 50% des suffrages ! Comme l’avait fait Maurice Kamto à l’issue de la présidentielle camerounaise du 7 décembre 2018 face à son challenger Paul Biya (en selle depuis 1982 !) Pourtant, ici, le scrutin s’était déroulé dans le calme, l’ordre, la discipline et dit-on, la transparence, malgré quelques ratés et incidents mineurs !

Alors, question : crédité finalement de 18,37% des voix, Agbéyomé Kodjo, va-t-il accepter sa défaite au nom de la paix sociale ou va-t-il, à l’instar de Maurice Kamto, continuer à crier à la victime, animant pendant quelque temps la scène politique et médiatique en qualité de vainqueur disposé à mettre en place un gouvernement ? S’il ne revenait pas très vite à de meilleurs sentiments, aurait-il la moindre chance d’avoir le soutien des autres responsables de l’opposition et de la population ? Si oui ou si non, pourrait-il éviter de se faire arrêter et jeter en prison par les autorités, comme l’avait été le Pr Maurice Kamto, finalement gracié l’année dernière par le président Paul Biya ?

En tout cas, au fur et à mesure que les jours passent aux bords de la lagune Bê, les choses se précisent : Après le conseil de l’entente et la Cédéao, c’est autour de la mission de l’Union africaine (UA) de reconnaître officiellement la victoire sans triche de Faure Gnassingbé. Pour l’ancien président malgache, Hery Rajaonarimanpianina, chef de cette mission de 43 observateurs (dont des parlementaires et ambassadeurs issus de 28 pays africains), le vote s’est déroulé dans le calme et les contestataires restent libres d’adresser leurs recours à la Cour constitutionnelle.

La REDACTION

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