« Je reçois ce mandat avec humilité, reconnaissance et un sens élevé du devoir… Je resterai le président de tous les Ivoiriens, sans distinction, au service exclusif de l’intérêt général » ! C’est par cette formule consacrée qu’Alassane Ouattara a prêté serment devant un aréopage de personnalités dont des chefs d’Etat voisins et amis mais aussi des anciens présidents Goodluck Jonathan, Nana Akufo-Addo et Issoufou Mahamadou. Etaient également présents dans la salle du palais présidentiel, les candidats malheureux Jean Louis Billon, Simone Gbagbo, Aoua Don Melo, Henriette Lagou qui ont reçu leur part d’hommage de celui qui a engrangé 89,77% des suffrages exprimés.
Dévoilant les priorités de son nouveau quinquennat, le président réélu a promis une « grande Côte d’Ivoire », portée par : une économie tournée vers la transformation locale, la créativité de la jeunesse, des infrastructures compétitives, une agriculture « moderne et souveraine » et une industrie plus performante et un secteur privé renforcé. Alassane Ouattara a à nouveau souligné que ce quatrième mandat porte en bandoulière le défi de la « transmission générationnelle ». Pour lui, il s’agit de gouverner en ayant à l’esprit de « finaliser la préparation, la formation et l’élévation d’une élite politique, administrative et économique intègre, compétente et attachée à l’intérêt général ».
Cette annonce sortie de son chapeau lors du précèdent mandat, est de nouveau remise au gout du jour. Alassane Ouattara compte faire de ce mandat vivement contesté, celui de la relève. Pour nombre d’analystes politiques, le locataire du palais de Cocody pose un geste politique calculé visant à rassurer sur l’avenir, tout en soulevant des défis majeurs liés à la succession, à son âge, et au contexte politique ivoirien. Âgé de 84 ans au début de ce mandat, il est quasiment évident qu’il ne se représentera plus à un 5e bail. D’ores et déjà, cette déclaration lance officiellement le processus de désignation d’un dauphin au sein de son parti, le RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix).
Après trois mandats marqués par des tensions politiques, y compris des violences post-électorales, la promesse d’une transition en douceur envoie un signal de stabilité. Cela peut apaiser les craintes d’une crise de succession à hauts risques En faisant de la «transmission» le thème central de son mandat, Ouattara entend garder la main sur le choix de son successeur, s’assurant que l’équipe qui prendra le relais poursuivra sa vision du développement économique de la Côte d’Ivoire. C’est du reste le nœud gordien que devra dénouer avec tact, l’ancien numéro 2 du FMI, pour maintenir l’unité du parti. Entre ses fidèles et ceux qui l’ont rejoint par la suite avec armes et bagages, un choix devra s’imposer. Meliet Tiémoko, peut-il achever une moitié de mandat de Ouattara si ce dernier venait à vouloir partir ? Qu’en est-il de l’affable Patrick Achi, grand commis de l’Etat qui pourrait surprendre ? Nul doute, le président de l’Assemblée nationale Adama Bictogo est en embuscade depuis des lustres et il suffit d’un signe de Ouattara pour qu’il soit prêt. Qui de la demi-douzaine » de dauphins sera choisi ? Que se passe –t-il dans la tête de Ouattara ? Mystère !
Davy Richard SEKONE


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