L’ex-Premier ministre tchadien Succès Masra est-il l’instigateur par ses propos des crispations identitaires meurtrières du 14 mai 2025 qui a fait 76 victimes à Mandakao ?
C’est ce que devra tenter de répondre la Chambre criminelle de N’Djamena délocalisée à la Cour suprême, ceinturée hier 6 août de securocrates sur les dents refoulant, public et surtout journalistes, pourtant un procès dit public. En interrogeant l’ancien Premier ministre Succès Masra et 74 autres coaccusés, la justice veut connaître la vérité.
« Assassinat et association de malfaiteurs » dans le cadre des échauffourées entre agriculteurs et éleveurs à Mandakao. Interpellé le 16 mai 2025, à son domicile, Succès Masra le patron des Transformateurs a été embastillé par la suite à la Maison d’arrêt de Klessoum. Ramdam de la communauté internationale, levée de boucliers de ses avocats, grève de la faim à partir du 24 juin de Masra qui a duré plusieurs jours, rien n’y fera, l’ancien chef de gouvernement du Tchad est resté enfermé par les autorités judiciaires. Pour les avocats de l’Etat et le procureur Omar Mahamat Kedelaye, toutes les enquêtes sur la tragédie de Mandakao mènent à Succès Masra, lequel par ses paroles a mis le feu aux poudres.
Hier 6 août 2025, lors de la première audience, une trentaine de mis en cause ont été présentées devant le Tribunal, sur les 74. Succès Masra était absent, et on l’annonce pour la deuxième audience de ce jour 7 août 2025. L’ancien allié du chef de l’Etat le maréchal Mahamat Idriss Deby risque gros à ce procès dont de longues années de détention s’il est reconnu coupable des faits graves dont on l’accuse, ce qui est d’ailleurs une lourde hypothèque pour la présidentielle de 2029. Procès politique pour mettre à l’écart un ex-allié-adversaire devenu trop encombrant ? On peut le subodorer. Après le deal politique de Kinshasa, certains parlent d’Accord controversé, signé le 31 octobre 2023 et le retour de Masra le 3 novembre courant, ce fut la lune de miel entre lui et le général « Kaka ». Pour la simple raison que l’Entente de Kinshasa, stipulait le retour de Masra, et surtout une « amnistie générale ». En tout cas, le 1er janvier 2024 Masra est bombardé premier ministre, mais cette idylle connaitra un terme après la présidentielle, et l’éviction de Masra de la Primature. Depuis, c’est le divorce entre lui et le pouvoir, si tant est qu’il y a eu vraies épousailles ! La lune de miel s’est transformée en lune de fiel. Masra dérange, et on a l’impression que le pouvoir ne sait quoi en faire. Peut-être la prison pour mettre sous éteignoir une voix discordante qui porte et porter un coup sérieux au parti les Transformateurs. Il faut dire aussi que Succès Masra a souvent montré un côté clivant, voire l’opportunisme frisant le cynisme. A plusieurs reprises, ses militants ont été massacrés, il compatit, indexe le pouvoir et après fait ami-ami avec le même pouvoir, profite même de l’usufruit, et vlan se rebiffe ensuite !
Quel avenir pour Succès Masra ? ce sera aussi la question sous-jacente à ce procès.
Aujourd’hui au Faso


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