Enfin vraiment enrôlé et prêt pour le jugement, l’emblématique procès du nom moins iconique Thomas Sankara. 34 ans après le régicide du pavillon Haute-Volta du Conseil de l’entente, on saura quelques vérités sur ce qui s’est passé ce 15 octobre 87 aux alentours de 16h 30.
17 personnes devraient être dans le box des accusés. Mais la grande faucheuse en a emporté (Wampasba Nacoulma, Alain Laurent Bonkian, Tasséré Dianda, Simon Bambara et Salam Yerbanga), et d’autres sont hors du Burkina, et seront donc jugés par contumace. Il y a également des présents tels le général Gilbert Diendéré déjà condamné à 20 ans dans le procès du putsch manqué du 16 septembre 2015, et (Yacinthe Kafando, Bossobè Traoré, Nabonswendé Ouédraogo, Idrissa Sawadogo, Yamba Elysée Ilboudo, Tibo Ouédraogo, Albert Pascal Sibidi Belemlilga, Diakalia Démé, Mori Aldjouma Jean-Pierre Palm, Alidou Jean Christophe Diébré, Hamado Kafando et Ninda Tondé dit Pascal).
Mais il y a surtout Blaise Compaoré, l’ex-chef de l’Etat, dont l’accession au pouvoir a reposé sur la disparition du fringant capitaine. Il y a 34 ans à travers les quelques rares fois qu’il s’était lâché (dans Jeune Afrique notamment et sur RFI), il avait dit que Thom Sank voulait le liquider lui et d’autres personnes, alors ses hommes ont pris les devants.
Excepté cela, Blaise le taiseux n’a jamais parlé sur ce dossier. Et à l’évidence, ce ne sera pas pour ce procès, car à moins d’une grosse surprise, il sera aux abonnés absents. Blaise sera donc jugé in absentia. Et difficile de connaître beaucoup de choses, vu que quoiqu’on dise, le dénouement tragique de 87 qui a mis fin dans le sang de cette plus que fraternité d’armes, ne peut aussi s’expliquer en partie que si l’ancien président acceptait de venir au jugement.
Des vérités difficilement atteignables que même l’excavation de ce qui est supposé être les restes de Thomas Sankara, n’a pas livré grand-chose, si fait qu’on ne sait pas si c’est bien le père de la Révolution qui y gisait au milieu de ses 12 compagnons au cimetière de Dagnoën.
Le procès de Thom Sank, disons-le c’est le procès de Blaise. Or le Burkina est en plein processus de réconciliation nationale. Pour les uns, le triptyque vérité-justice-réconciliation est non-négociable. Mais de plus en plus, des Burkinabè, infléchissent cette posture et estiment qu’avec Blaise, il faut une solution politique, qui va faciliter son retour au bercail et avec lui, celui de tous les autres exilés.
Parler de réconciliation et peut-être même que le forum de cette grande catharsis se tiendra avant le 11 octobre, parler donc de paix des cœurs, tout en jugeant Blaise, pour ses partisans et bien d’autres personnes, c’est vouloir d’une chose et son contraire. Même à ce sujet, lorsqu’on pose la question à Zèph, le ministre de la Réconciliation nationale, on le sent faire des efforts pour trouver la réponse idoine. A moins qu’on ne veuille lors de ce grand rassemblement suggérer une amnistie pour Blaise et bien d’autres personnes ?
C’est donc un procès qui tombe un peu mal à l’heure de la recherche d’une union nationale des Burkinabè. Et seule la solution politique même après un verdict pourrait être une solution envisageable. Mais cela suppose courage , détermination et acceptation que tout ne peut pas être réglé par le glaive judiciaire.
Davy Richard SEKONE


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