RDC : Bemba rentre, Kabila  valse les bérets de son armée

RDC : Bemba rentre, Kabila  valse les bérets de son armée

Coïncidence ? Possible. Mais sur la scène politique, les hasards sont rares dans les actes. Jean-Pierre Gombo obtient un passeport diplomatique. Il a annoncé son retour au pays le 1er août et affirmé hier, au cours d’une conférence de presse qu’il confirmera sa candidature à la présidentielle, sitôt rentré à Kinshasa, une formalité puisque le congrès du MLC de juin l’avait oint.  Pendant ce temps, valse à la tête de l’armée de la République démocratique du Congo, avec un certain Joseph Kabila tenant le bâton du maestro. Ce n’est pas une mauvaise chose, cette réorganisation. On sait que l’armée congolaise souffre de failles. De nouvelles idées au commandement pourraient beaucoup peser et induire le changement, même si l’on sait que peut-être, quelque part, la cacophonie dans le concerto vient du chef d’orchestre lui-même. Pour ne pas dire le plus dangereux au vu de leur duel passé, et de la carrure de l’ex-pensionnaire de la CPI.

Quoi qu’il en soit, cela fait une coïncidence curieuse quand l’on sait que celui  qui posera les pieds sur sa terre natale a été un chef de guerre  et qui vient lui déclarer à nouveau la guerre, cette fois-ci avec les armes de la démocratie. A-t-il des craintes inavouées ? Croit-il que le quinquagénaire, qui vient d’échapper partiellement (ses avocats en ce moment pour que le deuxième marteau qui plane sur ta tête pour subornation de témoins, ne s’abatte pas sur lui) aux griffes de la Cour pénale internationale pour les exactions commises par sa milice en Centrafrique, oserait-il tenter quelque chose ? Ou n’est-ce qu’une opération de routine ?

En tous les cas, Joseph Kabila doit garder un œil torve sur le candidat du MLC qui s’avère être l’un de ses plus solides adversaires à la prochaine présidentielle un mouvement de béret, loin d’être anodin quand on sait que certains securocrates décriés tel le général John Numbi, impliqué dans la mort du patron des Sans-voix, Floribert Chebeya, revient en force. Kabila met-il son appareil sécuritaire en place avant de partir, au cas où ? Si le président engoncé dans les habits d’intérimaire décidait de se présenter ou alors d’annoncer un dauphin derrière lequel il s’abritera pour vouloir continuer à diriger le pays, ce serait alors son parapluie qu’il prepare

Il faut dire que les déclarations de ce dernier ne sont pas faites pour le rassurer. En plus de confirmer sa candidature, Bemba déclare clairement son intention de travailler à une unification des forces de l’opposition contre le détenteur du pouvoir lors du scrutin qui s’annonce. Cette déclaration a toutefois son penchant important à analyser. Il est fort probable qu’en réalité, Bemba ne veuille pas vraiment se lancer dans la course à la présidentielle, caressant plus fortement l’idée de se rallier à un candidat unique de l’opposition, qui, il faut le dire, n’a pas encore clairement affiné clairement les traits de son visage. Entre donc un Katumbi, Tshisekedi, Kamhere, le chairman pourrait, s’il est mis en minorité, inviter «les Bembistes» à s’aligner derrière le plus percutant des challengers du porte-étendard du PPRD, le parti présidentiel.

Une éventualité qui doit quelque peu décrisper du côté du palais présidentiel. Du reste, des gestes posés par le locataire émet des étincelles de doute sur les relations qui existent entre Kabila et Bemba. L’obtention d’un passeport diplomatique par l’ancien chef de guerre avec une relative rapidité ouvre la porte à des interrogations. Un opposant, Katumbi, vit actuellement en exil. Comment se fait-il qu’un candidat clairement affiché puisse avoir aussi facilement un passeport qui plus est, diplomatique (même si Bemba est sénateur) alors qu’une possible condamnation pèse toujours sur lui ? Existerait-il un pacte sournois et inavouable ? Est-il possible que par un revirement et un calcul des plus impensables que Bemba ait serré la main de Kabila en vue d’une quelconque opération tout aussi impensable ? Ou n’est-ce qu’une coïncidence, ou, à tout le moins, une volonté de Kabila de ne pas ouvrir un autre front de détestation ? Sur toutes ces supputations, Bemba balaie du revers de la main, en arguant que non seulement, il n’en voit pas la nécessité et puis Kabila est un président sortant, mais non sorti, se garde de préciser Bemba.

Quoi qu’il en soit, il reste constant que Bemba rentre au bercail et Kabila réorganise son armée…Honni qui mal y pense.

Ahmed BAMBARA

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