Ainsi donc, la CEDEAO, apparemment n’a pas cherché à prier les partants de l’AES à revenir, à quoi cela servirait-il d’ailleurs, puisque le Mali-Burkina-Niger semblent ne pas sujets à toute inflexion. La CEDEAO donne donc un moratoire de 6 mois au Mali, au Burkina Faso et au Niger pour bien cogiter et se décider si l’AES poussera la porte toujours entrebâillée à Abuja, ou si elle la refermera définitivement derrière elle.
6 mois de réflexion côté AES, mais 6 mois d’intenses activités, côté CEDEAO pour gérer les dossiers des salariés et contractuels de ces 3 pays ainsi que la question des agences communautaires de l’organisation dans l’AES et si le 30 juin 2025, l’AES reste droite dans ses bottes, le divorce sera prononcé. Sauf si entre temps, Faure du Togo et Bassirou Faye du Sénégal, réussissent à faire bouger les lignes. Ce dont il faut en douter, vu l’inflexibilité de Goïta, IB et Tiani !
Est-ce le dernier jamborée de la CEDEAO à 15 qui s’est ouvert hier 15 décembre 2024 à Abuja ? La CEDEAO va-t-elle acter le 30 juin 2025 le retrait du Mali-Burkina Faso-Niger ou sa porte entrebâillée le restera même après espérant ainsi que les 3 viennent de nouveau toquer ? Serait-ce le sommet du divorce, après la séparation de corps ? En tout cas, l’AES refuse de pousser la porte entreouverte !
Il s’agit bel et bien de la dernière tentative de l’organisation sous-régionale de faire réintégrer la Mali-le Burkina Faso et le Niger dans le cercle, depuis que ces 3 pays regroupés dans la Confédération de l’AES ont claqué la porte en janvier 2024.
Et comme pour marquer l’irréversibilité de ce largage des amarres, la Confédération de l’AES, par son premier responsable, Assimi Goïta, a devancé l’iguane dans l’eau en décidant dès ce 13 décembre 2024, c’est-à-dire, lors de la réunion préparatoire de cette 66e réunion de la CEDEAO d’officialiser la libre circulation des personnes et des biens, aux ressortissants de l’AES, en brandissant une menace à peine voilée, celle de soumettre les autres de la CEDEAO à des exigences administratives dans l’espace AES !
Nul doute donc, qu’après les flonflons de l’ouverture de la CEDEAO, le huis clos intégral des princes de la CEDEAO, a été tout sauf des discussions de formalité : et pour cause, ils ont été confrontés à un dilemme surtout que les chefs d’Etat sont divisés sur la conduite à tenir. Il y a les partisans d’une ligne dure d’une exclusion le 25 janvier et les autres. L’AES divise au sein du cénacle CEDEAO.
Dilemme : alternative entre 2 choix dont aucun n’est indolore, et l’un peut même être pire. Or, il faudra trancher, le 29 janvier 2025, soit après, mais in fine, décider si oui ou non ces 3 pays qui ont claqué la porte, doivent se voir signifier leur exclusion de fait !
Ce n’est pas un arbitrage facile pour la simple raison que :
Si la CEDEAO, agrée ce départ des 3 pays de l’AES le 30 juillet 2025 outre le manque à gagner énorme, il y a même le risque d’implosion. Le Mali-Burkina-Niger, c’est 21,3% du commerce dans l’espace CEDEAO, et 52,8% du territoire de cette même CEDEAO (2,70 millions de km2), avec 70 millions d’âmes sur 414 millions que compte la CEDEAO. Il est vrai qu’économiquement, l’AES, c’est 7% du PIB de la CEDEAO, mais tous étant de l’hinterland, ils sont par exemple très précieux pour les pays maritimes. Même s’il est vrai que ce retrait générera l’érection de nouveaux documents de voyages (passeports) et de petits micmacs pour le Mali-Burkina-Niger. En fait de part et d’autre, on essayera de s’accommoder avec les articles 91 et 92 du Traité de la CEDEAO, relatif aux adhésions et départs. Mais, rien ne sera un fleuve tranquille ni pour l’AES, encore moins pour la CEDEAO !
Si la CEDEAO invite les 3 à revenir, ça semble inutile et c’est se déculotter aux yeux de certains ! d’où ce jeu de la montre contre auquel il se livre avec le semestre donné à l’AES, après le 29 janvier 2025.
Mais là où déjà l’AES sort gagnante, c’est le fait qu’elle soit toujours membre de l’UEMOA, laquelle institution offre également la libre circulation des personnes et des biens, si fait que les 8 pays de l’UEMOA qui sont dans la CEDEAO en bénéficient toujours. Donc, même après le 30 juin, ces mesures sont valables sous parapluie UEMOA.
Enfin, cette équation d’avaliser le retrait du Mali-Burkina-Niger divise même les chefs d’Etat de la CEDEAO. Il n’est même pas sûr que le président nigérian Bola Tinubu soit pour ni le Togolais Faure. Idem pour les présidents qu’on qualifie de «faucons» de la CEDEAO. Autant dire que l’un dans l’ordre, malgré le fait que l’AES maintienne sa position de départ, et que la CEDEAO lance une sommation de rentrer dans les rangs sous semestre, tout reste ouvert y compris, une collaboration entre les 2 entités AES-CEDEAO. En vers une cohabitation !
La REDACTION


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