C’est fait, le ministre de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale, Zéphirin Diabré a rencontré l’ex-président du Faso, Blaise Compaoré. Comme nous l’annoncions dans notre livraison d’hier jeudi 6 mai 2021, le ministre d’Etat a mis à profit son séjour en Eburnie pour prendre langue avec l’enfant terrible de Ziniaré contraint à l’exil depuis sa chute en fin octobre 2014.
Premier acte fort entrant dans le cadre du processus de la réconciliation nationale enclenché depuis la mise en place du gouvernement Dabiré II, le 10 février 2021, cette rencontre s’est tenue en présence du président ivoirien Alassane Ouattara. Selon plusieurs sources, elle a tourné autour du retour de celui qui 27 années durant a régné sur le pays des hommes intègres au bercail et de son rôle dans le dit processus.
A priori, rien ne fait obstacle à ce retour si les évènements n’avaient pas refait surface pour rattraper l’ex-homme fort du Burkina Faso. Sont de ceux-là, l’emblématique dossier Thomas Sankara du nom de son «frère d’arme», père de Révolution d’août 1983 et véritable icône de la jeunesse africaine dont le dernier acte judiciaire posé depuis le 13 avril dernier, inculpe Blaise Compaoré et 13 autres personnes.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que les évènements du 15 octobre 1987 qui ont sonné le glas de la Révolution démocratique et populaire (RDP) dont Blaise Compaoré fut un des principaux acteurs restent en travers de la gorge de nombre de Burkinabè qui ne jurent désormais que par Sankara. Pour ceux-ci, il s’agira de voir tous ceux qui ont œuvré à la brutale fin de cette période de répondre de leurs actes devant les tribunaux.
Au moment, où le Burkina Faso après 61 ans d’indépendance, entame un processus de réconciliation, la véritable préoccupation qui surgit reste de concilier les affaires pendantes en justice la nécessaire catharsis sociale. Pour ce faire, il importe de trouver la bonne formule pour ne pas tordre le cou de la Justice au profit d’un «arrangement politique».
C’est du reste, l’inquiétude que suscite cette entrevue du ministre en charge de la Réconciliation nationale avec l’ancien président. D’ores et déjà, des voix s’élèvent pour mettre en garde contre ce raccourci que le Burkina Faso a déjà expérimenté lors de la fameuse journée nationale du Pardon célébrée un 30 mars 2001, sans une réelle adhésion des familles brimées par plusieurs décennies de violences politiques et d’injustices sociales.
Pour ce coup-ci, le discours est accompagné d’un autre ton, et le chef d’orchestre de ce processus entend faire du triptyque «vérité-justice-réconciliation» un véritable label dans la conduite de la mission à lui confiée. Cette fois donc, il n’est pas question de brûler l’étape de la justice. Il s’agira donc pour Zéphirin Diabré de rattraper les tares de tant d’années de vie sociale et politique tumultueuse, caractérisée par des abus de toutes sortes et d’actes barbares et inhumains les uns que les autres.
Davy Richard SEKONE


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