On peut être dur façon de parler c’est-à-dire ne transigeant pas avec ses opposants, « défénestrer » politiquement des dauphins putatifs de surcroit milliardaires et amis qui se croyaient sur un boulevard, on peut présenter tout ce visage et être démocrate dans l’âme.
Toutes ces qualités ou défauts, Patrice Talon les possède, puisqu’il cultive à un certain moment l’image du père-fouettard : Exit Reckya Madougou ou Joël Aivo, exit le milliardaire et ami Olivier Boko qui avait son bureau collé à celui de Talon. Celui-là même qui était présenté comme le successeur potentiel du chef de l’Etat, qui croupit à présent en prison pour avoir voulu être calife à la place du calife… par un raccourci putschiste. Place à Romuald Wadagni propulsé ce week-end comme le cornac de la majorité présidentielle agglomérée dans l’Union Progressiste pour le Renouveau (UPR) et le Bloc Républicain (BR), c’est lui qui défendra les couleurs de la majorité présidentielle en 2026. Avec comme colistière Mariam Chabi Talata. On comprend rétrospectivement pourquoi l’intéressé a désisté à postuler à la BAD. Deux leçons se dégagent de ce choix :
Le président Talon sort la tête haute de la fonction suprême malgré les couacs qui ont émaillé ses deux mandats car il s’est conformé à la Constitution et refusé la tentation du 3e mandat. En ces temps qui courent, c’est tout à son honneur. Il part tout en misant sur un cheval de son écurie, choisi de façon concertée, et quel cheval ! Quasi quinqua, Wadagni est un bon commis de l’Etat, gratifié plusieurs fois comme un des meilleurs grands argentiers de l’Afrique par notre confrère Financial Afrik et d’autres institutions, il est réputé travailleur, sérieux et a la confiance de Talon, lequel veut acter le changement générationnel.
La démocratie ancrée comme culture au Bénin, car avec ce dauphin désigné, le Bénin affiche inexorablement son attachement à ce moins mauvais des systèmes de gouvernance, la démocratie dont les principes de base demeurent les élections crédibles et l’alternance, ça ressemble à un choix de la continuité. Dans une sous-région à géopolitique variable, et même face aux problèmes domestiques, le Bénin a fait le choix de la dévolution du pouvoir par les urnes. Démocratie à la base aussi, car Romuald Wadagni est issu d’une décision des 2 formations de la majorité présidentielle. Certes, il lui fallait le blanc-seing de Talon, lequel n’a pas imposé son dauphin par-dessus la tête de son camp. Si l’opposition, représentée principalement par les Démocrates n’a pas encore désigné son candidat, nul doute qu’en avril 2026, l’ex quartier latin donnera encore une leçon de chose politique au Sud du Sahara, étant considéré avec le Sénégal comme les phares de la démocratie. En attendant, Wadagni devra désormais se mouler dans le costume d’un dauphin méritoire.
Aujourd’hui au Faso


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