Sanctions ou non contre le CMT au Tchad : Ça coince entre les durs et les modérés  du CPS

Sanctions ou non contre le CMT au Tchad : Ça coince entre les durs et les modérés  du CPS

Lundi, puis renvoyé à mardi hier 11 mai, et ensuite reporté au vendredi 14 mai, le conclave sur le Tchad, ou plutôt sur la levée ou non des sanctions, consécutives au coup d’Etat suite au décès du maréchal Idriss Deby Itno, cet aparté n’a donc pas eu lieu officiellement pour des questions techniques et calendaires. C’est ce que brandit le Conseil de paix et sécurité (CPS), depuis l’Africa Hall d’Addis Abeba pour expliquer ou justifier ces reports à n’en pas finir.

Que se passe-t-il vraiment pour que l’ambassadeur djiboutien Mohamed Idriss Farah, patron du conseil de paix et sécurité de l’UA, qui était à la tête des émissaires au Tchad, qu’y a-t-il donc, qu’il ne puisse pas présenter l’état des lieux de la Transition ?

Est-ce les mêmes raisons lesquelles fin avril avaient poussé l’UA à proroger le séjour de ses missi dominici au Tchad ?

A la vérité derrière ces mic-macs au  CPS, il y a la question centrale de savoir s’il faut ou non sanctionner le comité militaire de Transition (CMT) au Tchad, composé des 14 généraux qui s’est emparé du pouvoir à la suite de la mort de Deby père. Dès fin avril dernier, on sentait des avis centrifuges sur la question, d’aucuns étant pour et d’autres contre.

Or comme tout rapport, il y a quelques bribes qui ont fuité, et il ressort justement, que l’examen des envoyés spéciaux du CPS au Tchad, milite fortement à la levée des sanctions imposées à la junte, mais qui frappent les populations. Le rapport Bankolé-Farah du nom du tandem qui a conduit la mission est donc favorable qu’on laisse la junte tranquille, pour la simple raison que ce serait déstabiliser ce pays et de facto la sous-région qui danse déjà le yoyo sécuritaire, ce serait donc insécuriser davantage le Sahel, que de taper sur le Tchad !

Or, il y a ces résolutions de l’UA datées de 1999 et 2000, lors des sommets d’Alger et de Lomé, qui abhorrent tout putsch. Ces sempiternels renvois de la réunion pour écouter les émissaires revenus du Tchad, sont donc liés à ceux qui s’arc-boutent à cette résolution, «Tolérance zéro pour les coups d’Etat et les violations constitutionnelles». Les faucons, ou durs. Et il y a ceux qui prônent l’eau au moulin principiel de l’organisation continentale, les modérés qui sont pour qu’on tolère le putsch tchadien du 20 avril 2021.

Admettre le CMT, le laisser cornaquer la Transition viole cette orthodoxie de l’UA, mais essayer de corseter la junte fera du mal certes au général Kaka et ses frères d’armes, mais plus encore aux populations tchadiennes, et évidemment pourrait encore augmenter le désastre sécuritaire sahélien !

Logiquement, si ce vendredi 14 mai, le CPS daigne enfin écouter le contenu du rapport, il pourrait à défaut d’un consensus, opter pour une solution à minima. Car pour que ladite évaluation soit valide, il faut l’imprimatur des 15 membres en totalité, si donc après écoute, et sans accord des 15, il faudrait peut-être le chercher, par une division de la poire en deux.

Que par exemple les 15 membres du CPS, acceptent le CMT, le surveillent comme du lait sur le feu, durant les 18 mois, et lui imposent la promesse qu’aucun des militaires, y compris Deby-fils ne sera pas candidat à la prochaine présidentielle. Quitte à demander le concours de la France pour peser sur cette balance !

Condamner le CMT à la diète économique et politique serait un pis-aller. Tant qu’à faire, lâcher du lest, lever les sanctions, tout en suivant soigneusement le déroulé de cette Transition serait un moindre mal. Ce sera une autre paire de manches pour l’UA on en convient, car nul ne sait ce qui est dans le cortex de Deby-fils. Va-t-il demeurer dans la caserne après les 18 mois ? Va-t-il mettre de côté la tenue de camouflage pour des boubous de présidentiable ? C’est de toute façon à l’aune de ce genre de situation compliquée, qu’on juge l’action de l’UA. Si elle a rempli ses missions, si elle a failli ou elle s’est dérobée.

La REDACTION

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR