Le cercle du pouvoir malien n’a pas fini d’étaler ses scandales. Et pour cause ? Un hélicoptère super PUMA d’occasion acheté en Irlande à près de 3,5 milliards de CFA s’est retrouvé très vite cloué au sol, en dépit de l’achat de pièces de rechange à environ 3 milliards de francs CFA ! Un autre super PUMA avait été acquis à 3,9 milliards de francs CFA auprès d’Airbus, avec un contrat dont les conditions et les termes restent inconnus. Pis, un cabinet d’audit indiquait que le document du contrat est illisible.
Le scandale de l’achat en 2017 de ces deux hélicos au profit de l’armée malienne, présentement cloués au sol, fait des vagues au Mali avec des révélations qui laissent croire à l’implication de responsables civils ou militaires. Les aveux du président de la Commission Défense de l’Assemblée nationale, Karim Keïta, la semaine dernière, devant des élus français d’origine malienne, vient relancer les supputations et soupçons de corruption. En effet, l’élu a indiqué que les hélicoptères achetés qui marchaient au début ne peuvent plus voler et ont vraisemblablement un problème d’entretien depuis l’achat. «Je me demande si on n’a pas été floué à l’achat», s’était-il interrogé.
Ce scandale qui rappelle d’autres scandales depuis l’arrivée d’Ibrahim Boubacar Keïta au pouvoir vient révéler toute la laideur de la corruption dans les cercles du pouvoir d’Etat censé apporter du réconfort au peuple malien éprouvé par 7 longues années d’insécurité marqué par l’activisme terroriste, d’abord au Nord du pays et ensuite à différentes localités géographiques du pays. Une loi d’orientation et de programmation militaire a certes permis l’acquisition des équipements militaires dans des conditions qui se révèlent aujourd’hui bien obscures.
Comment dans de telles conditions peut-on espérer un seul instant renforcer les capacités des Forces armés maliennes (FAMA) en rusant avec les lois et la vertu sociale ? Comment peut-on se payer le luxe de dilapider l’argent du contribuable sans sourciller ?
Si les révélations s’enchaînent sur les conditions d’acquisitions des aéronefs, après les déclarations du député Karim Keïta, il semble bien évident que la qualité et l’efficacité de ces aéronefs à usage militaire n’étaient pas le souci majeur des acquéreurs. Si bien qu’aujourd’hui, c’est le peuple malien qui est tristement pénalisé dans ses pires souffrances de son histoire.
Et le comble, c’est qu’en haut lieu on fait des pieds et des mains pour étouffer cette affaire qui implique aussi bien des personnalités militaires que civiles. Le Mali peut-il venir à bout du terrorisme qui handicape tout effort de développement quand ses dirigeants font preuve d’insouciance dans la gestion des biens de l’Etat ? On peut répondre aisément par la négative.
Même si des mesures sont prises pour sanctionner certains responsables militaires, il est clair que le Mali aurait pu se passer de cette mauvaise publicité. Le président IBK doit s’affirmer et prouver qu’il a la maîtrise des choses dans la gouvernance du pays. Autrement, il passe pour un chef d’orchestre qui supervise la corruption sans en mesurer les conséquences pour lui et le peuple malien dont il se dit fier.
Hassane Halim


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