La «Go» Abouré (ethnie) de Moossou dans la commune de Grand-Bassam rompt le silence. Oublié la grâce présidentielle qui l’a sortie de prison où elle devait purger plusieurs années de bagne, oubliée le naufrage politique d’avril 2011 et toutes les avances qui s’en sont suivies.
Voici revenue la vraie Simone Gbagbo, celle qui fut cofondatrice du Front populaire ivoirien (FPI) dont le congrès constitutif s’est tenu sous une palmeraie de Dabou. Celle qui gardera le parti avec d’autres fidèles, lors de l’exil de celui avec qui elle convola en secondes noces le 19 janvier 1989, Laurent Gbagbo, est de nouveau là ! Celle aussi qui connut les dures aspérités des prisons pour faits politiques, à Gallieni, MACA… réapparaît de façon tonitruante.
Hier 11 août 2020 au cours d’une conférence de presse, la passionaria frontiste a retrouvé le ton, et le phrasé qui l’ont toujours caractérisée : direct sans fioritures.
Il faut une loi amnistiante pour Laurent Gbagbo, lui octroyer un passeport diplomatique auquel il a droit, réinscrire son nom sur les listes électorales, libérer les prisonniers post-électoraux, favoriser le retour sécurisé des milliers d’exilés, dont Blé Goudé, Guillaume Soro… dira-t-elle en substance. Et le meilleur reste à venir : sur le 3e mandat de Ouattara ?
L’ex-première dame ne fera pas dans le langage tambouriné (1), mais a été limpide : le parjure d’un chef d’Etat ne passe pas selon elle, Ouattara ne peut pas être candidat à un 3e mandat. Sa parole donnée et la Constitution l’y empêchent ! Réforme de la CEI, du Code électoral, audit du fichier électoral, l’ex-recluse d’Odienné semble être sortie de sa léthargie pour reprendre le bâton de commandement de la maison FPI, celle de Laurent Gbagbo.
Guigne-t-elle la présidentielle ? En l’absence de son époux, il n’est pas exclu qu’elle s’y jette, confie un proche. Une perspective pas si irréaliste, quand on sait que la candidature d’Affi N’Guéssan, n’a pas officiellement reçu l’imprimatur de Gbagbo, lequel Gbagbo lutte actuellement pour revenir en Côte d’ivoire. Et encore, entre Simone et Affi N’Guessan, les rapports ont toujours été cordiaux, depuis l’après-Marcoussis de 2003 où ce dernier reçut une gifle de l’épouse de Gbagbo pour avoir abdiqué à Kléber face aus rebelles d’alors !
En sortant de ce silence dans lequel elle s’était claquemurée, Simone Gbagbo, lance en même temps une précampagne électorale, axée d’abord sur l’anti-3e quinquennat de Ouattara, mais aussi, un appel au rassemblement de tous ceux qui se rejoignent dans un «Tout, sauf Ouattara». Le clin d’œil à Blé Goudé et à Soro n’aura échappé à personne. Un «la» d’une opposante, qui rencontre par hasard les premières vraies manifestations après ce second renoncement de Ouattara. Car hier en même temps, de Daoukro, à Ferké, en passant par d’autres villes ivoiriennes, nous sont parvenues les fragrances bruyantes de manifestants, contre ce dur désir de Ouattara de rempiler. Des scènes des courses-poursuites, de jets de gaz lacrymogène, qui ne seront pas les dernières, tant on devine que la rue ne laissera pas passer allègrement cette annonce du président-sortant.
En attendant de voir la réaction de son encore époux, depuis Bruxelles, une telle sortie ne peut laisser le pouvoir indifférent, un pouvoir qui sait que la bataille pour ce 3e règne sera âpre, et que c’est à l’aune de sa gestion qu’on pourra éviter une crise pré et même post-électorale en Côte d’Ivoire.
In Simone Gbagbo, Paroles d’honneur
La première-Dame de Côte d’Ivoire parle (J.M Lafont 2007)
Zowenmanogo ZOUNGRANA


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