1 milliard de dollars que la CEDEAO va devoir se coltiner et d’ici 3 mois au sommet de décembre à Abuja, arrêter un plan d’actions en 8 points qui sera déployé, sur 2020-2024. Voici la quintessence du raout extraordinaire de la rencontre de Ouaga de ce week-end écoulé.
La CEDEAO chapeautera désormais le G5-Sahel et même l’associera avec d’autres Forces. Sans le dire explicitement, les linéaments des décisions du sommet extraordinaire de l’organisation continentale, élargie au G5-Sahel, ne stipule rien d’autre avec l’élargissement du spectre de la lutte contre le terrorisme.
En décidant d’étendre la sphère géographique de ce G5-Sahel aux pays côtiers et même au Cameroun par exemple, la CEDEAO voit grand, en même temps qu’elle signifie le demi-échec de cette force censée jalonner 5 000 hommes tout au long de 3 fuseaux sahéliens pour circonscrire un terrorisme, qui paradoxalement est très actif ces derniers mois au Burkina et au Mali.
Faut-il chanter le requiem du G5-Sahel qui, véritablement était en état végétatif ? Pas totalement, mais, il a été, à n’en pas douter, phagocyter par une structure plus grande dont les 15 chefs d’Etat n’ont pas eu le courage d’en donner la dénomination. Pourtant au sommet du G7 de Biarritz, Angela Merkel et Emmanuel Macron en évoquant cette idée savaient déjà que le format du G5-Sahel devait être chamboulé.
Mais chacun aura senti dans les procédés d’insistance du communiqué final, de ce 14 septembre, une réorientation des curseurs tendant à montrer que l’argent et les moyens qui seront récoltés iront bien au G5-Sahel et à la Force multinationale mixte (FMM) du Bassin du Lac Tchad. Ces 2 forces seront les bras armés immédiats des pays contre le terrorisme, mais un bout de phrase dans ce communiqué final, met bien en exergue, que subrepticement, le primat des «armées de la CEDEAO» sur celles du G5-Sahel : la référence au «leadership de la CEDEAO, et le recours à la force en attente de la communauté ouest-africaine» ne laisse place à aucun doute, sur la mise sous éteignoir du G5-Sahel.
Car à l’analyse, les résultats engrangés par cette superstructure qui avait vocation à remplacer Barkhane au Sahel sont très maigres.
Or même avec le milliard de dollars US, il sera impossible de soutenir à bout de bras et le G5-Sahel et la Force multinationale mixte et la Force (FMM) ouest-africaine en attente. Maintenant à y regarder de près, c’est bien de cela qu’il s’agit. Car cette prééminence de la CEDEAO, indique clairement que ce sera à la Force qui sera percutante, qui aura l’aval de l’organisation sous-régionale.
Au demeurant, il faudra qu’en décembre prochain à Abuja, que les 15 dirigeants, sans faire dans le fétichisme nominal aient le courage de changer l’appellation du G5-Sahel, en G5-Sahel-Côtier ou autre chose, car ce G5-Sahel là, depuis ce samedi 14 septembre n’est plus le même ni dans sa forme, ni dans son fond. On peut comprendre la position de nos dirigeants, de s’arc-bouter à leur fierté, en disant que le G5-Sahel n’est pas mort, tout en prônant une mutualisation de la solidarité logistique et des renseignements. Mais à la guerre comme à la guerre !
1 milliard, 3 mois et 5 années pour le Nec plus ultra dans la lutte contre le terrorisme ?
Possible, mais on sait que sur le terrain de cette guerre des ombres, tantôt civiles tantôt guerrières, les gros moyens et la technologie de pointe se heurtent aux simples kalaches, aux bombes artisanales et aux kamikazes, qui défient la mort. Des batailles sont gagnées, mais la victoire ne l’est point. Et le décompte macabre fait par Jean Claude Brou, le patron de la Commission de la CEDEAO : «2 200 attaques et 11 500 morts, en 4 ans» est assez éloquent. Dans 5 années, on refera le point.
Zowenmanogo ZOUNGRANA


COMMENTAIRES