On n’en est pas encore à un début du duel Senghor-Dia dans les années 60, mais il y a quelques marqueurs qui indiquent que le couple Faye-Sonko doit pacifier au plus vite son sérail politique. A l’origine, la sortie musclée, véhémente et inamicale du premier ministre Ousmane Sonko contre l’opposition, la presse ce qui est son dada habituel et même frontalement contre la société civile, fait rarissime. C’était lors d’un conseil national du PASTEF dont il est le chef attitré. D’ailleurs, on ne sait pas si c’est le président du PASTEF qui a parlé ou c’est le chef du gouvernement.
Et fait, étonnant et grande surprise, Sonko a dégainé contre le président Bassirou Diomaye Faye. Verbatim premier ministériel «le président Bassirou Diomaye Faye peut arrêter ses multiples attaques verbales comme ma personne… Pourquoi il ne le fait pas ? … Il y a un seul problème au Sénégal, un problème d’autorité… Il faut qu’on prenne nos responsabilités…».
Lus entre les lignes, le premier ministre reproche au chef de l’Etat de ne pas le défendre contre les trolls verbaux et de le laisser seul face aux invectives. On sait qu’avant cette sortie, les 3 têts qui dirigent le Sénégal, celle de l’Exécutif et du législatif (Faye-Sonko et El Malick N’diaye) ont eu une réunion. Sonko a-t-il évoqué cette question délicate lors de cette rencontre ? Pourquoi ce triumvirat ne se retrouverait-il pas pour laver le linge sale en petit comité ?
Mais, ce coup de sang de Sonko qui prend des allures d’injonctions, voire de ras-le-bol est un signal fort que ça grésille entre lui et celui qu’il a instruit de le remplacer au pied levé à la présidentielle de mars 2024, c’est une tendance lourde qu’il faut recoller un morceau. Pire, on aurait pu minorer les propos de Sonko si le vendredi 11 juillet dernier lors de son retour de Washington aux USA, où il a participé au sommet polémiqué Trump-5 chefs d’Etat africains, à son retour à l’aéroport, point de premier ministre Sonko, ni de membres du gouvernement d’ailleurs, seul le gouverneur de Dakar est venu souhaiter bon retour au chef de l’Etat Diomaye Faye. Bouderie passagère ou grave divergences entre les 2 amis et alliés politiques ?
Il est prématuré de faire le parallèle entre ce qui se passe entre le duo Faye-Sonko et ce qui s’est déroulé entre Senghor-Dia contexte, rapports, évènements tout diffère, mais au Sénégal, on ne manquera pas d’y penser. Surtout, Faye-Sonko doivent réagir rapidement pour ne pas donner raison à ceux qui avaient pronostiqué une brève espérance de vie de leur attelage !
Dans l’exercice du pouvoir d’Etat civil ou militaire, il n’y a qu’un seul capitaine à bord. Lorsqu’il y a des alter-égo, le ver est déjà dans le fruit, car aux yeux des populations, il y a un seul chef suprême, mais à l’intérieur du cénacle, d’autres le contredisent voir le contestent. D’autant qu’au Sénégal, si les différents camps s’en mêlent car il y a les pro-Sonko et ceux Faye., le navire va tanguer.
Les premiers diront «vois-tu Sonko, tu as laissé Faye être président, regarde comment il te traite», auxquels répondront les pro-Faye «si tu n’étais pas là pour le remplacer, le PASTEF n’aurait pas gagné le pouvoir».
Il urge dès à présent que les 2 se retrouvent, se parlent et ne perdent pas de vue, qu’ils n’ont même pas encore la moitié du mandat ! Il ne faut pas que la leçon de chose politique que Sonko-Faye ont donnée dans la sous-région et en Afrique soit vendangée sur l’autel des égos et intérêts personnels.
Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA


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