Le déglingué dialogue intertogolais va reprendre, du moins, c’est ce que souhaitent les deux médiateurs attitrés les présidents Alpha Condé et Nana Akuffo-Addo et les protagonistes de cette sempiternelle crise. Le samedi dernier, les missi dominici de la CEDEAO et des deux chefs d’Etat ci-dessus indiqués ont repris langue avec les frères ennemis togolais afin de mettre en œuvre les décisions prises par les dirigeants de la CEDEAO le 14 avril 2018.
Entamé en février dernier, le poussif arbre à palabre togolais, n’en fini pas de ralentir et était même à l’arrêt, ce qui fait que cette nouvelle saison en soi est une bonne chose. Côté opposition, on se dit prêt à accueillir ses vis-à-vis du pouvoir à condition qu’on revoit à la hausse les réformes querelles. Un langage tacite qui signifie l’abandon par Faure Gnassingbé d’un 3e mandat en 2020,et l’ébauche d’une transition sans lui, puisque dans l’entendement des 14 partis de ce dialogue, il est évidemment question que l’article 59 de la Constitution du 14 octobre 1992, rétroagisse, donc dirime toute prétention du représentant de la fratrie Gnassingbé à un 3e bail.
Pour le pouvoir, il faudra s’en tenir à l’esprit et à la lettre des décisions chefs d’Etats de la CEDEAO, lors de leur conclave du 14 avril 2018. En réalité pour le pouvoir, avec l’UNIR, le parti présidentiel en tête, toute loi dispose pour l’avenir, et la nouvelle mouture de la loi fondamentale, n’est pas rétroactive. Naturellement, le candidat naturel Faure Gnassingbé peut prétendre à une 3e levée, et seules les urnes peuvent l’en empêcher, pas la rue, ni une quelconque insurrection.
Les émissaires qui ont recueilli les doléances et exigences des deux camps, vont soumettre tout ce fatras de propositions à Alpha Condé et Nana-Akufo, pour la mise en œuvre d’une nouvelle feuille de route, qui leur servira de boussole, dans cette tambouille togolaise. Cette boussole va indiquer quelle direction à prendre ? Des élections en 2020 sans Faure Gnassingbé ? Permettre à ce dernier de briguer un 3e et ultime mandat en 2020 et «circuler» en 2015, mandat au cours duquel il sera lesté d’un premier ministre de l’opposition ? En clair la crise togolaise est-elle soluble dans le schéma d’un gouvernement d’union national ? Comment trouver la médiane, entre un président qui n’entend pas raccrocher, et son opposition qui crie «Basta» à un pouvoir, dont la dévolution s’est faite par les urnes mais de père en fils ?
Alpha Condé et Nana-Akufo-Addo se donnent peut-être avec ce nouveau round, une dernière chance, de démêler l’écheveau de l’embrouillamini politique Togolais. A l’image d’un de leur illustre devancier, le Burkinabè Blaise Compaoré, ils doivent se convaincre, que tout dialogue, aussi long soit-il doit prendre fin, et par un arbitrage. D’ailleurs, les Togolais le savent, puisque courant 2005-2006, ils l’ont réalisé à Ouaga, et ont abouti à l’Accord politique global (APG) d’août 2006. A force de connaître de nombreux mi-temps, ou longues pauses qui sont autant de pannes ou d’échecs, le dialogue intertogolais pourrait ne rien accoucher. Hors, il ne s’agit pas d’une grossesse nerveuse ! C’est pourquoi pour ce coup-ci l’aboutissement à quelque chose de tangible est une nécessité pour le Togo. Alpha et Nana-Akufo doivent trancher dans le vif.
La Rédaction

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