Situation inédite au Mali. Ce 28 novembre, la figure totémique du Mouvement du 5 juin (M5-RFP) Mahmoud Dicko, après la prière du vendredi a volé dans les treillis du colonel Assimi Goïta et de la Junte militaire.
Et Comme d’habitude, c’est en langue locale bambara que le remuant chef religieux s’est exprimé. L’imam Mahmoud Dicko s’est adressé aux autorités maliennes en ces termes: « Vous êtes nos fils ! Dieu vous a confié la gestion du pays. Mais nous avons constaté que ça ne va pas… ». Il confiera même que lui et d’autre religieux ont souhaité rencontrer les actuels dirigeants maliens pour évoquer la situation du pays, mais que pour le moment cette demande est restée sans suite. A en croire l’ancien président Haut Conseil islamique malien, jusque-là, ils sont face à une porte fermée.
Plus aucun doute, la lune de miel entre la junte malienne et le chef religieux a pris un coup et rien ne semble aller entre les deux. La muraille que forme ce principal tandem qui cornaque la Transition s’est donc lézardée et les jours à venir s’annoncent décisifs. A ce titre, son appel à l’indulgence de la CEDEAO et des pays voisins du Mali est un message et un signe qu’il faut décortiquer et interpréter comme il se doit pour sauver les meubles.
A y voir de près, cette sortie fracassante sonne comme une mise en garde ou même un coup de semonce du guide religieux aux colonels au pouvoir à Bamako. Sans le dire ouvertement, l’Imam Dicko exprime sa déception vis-à-vis de la gestion de l’après –IBK, renversé par un coup d’Etat après plusieurs jours de manifestations conduites par son mouvement le M5-RFP. Pour avoir été la cheville ouvrière de ce coup de force et une des figures tutélaires de ce pouvoir kaki, il refuse d’être relégué au second plan ou se laisser conter fleurettes. Et pour qui connaît la ténacité de l’homme, il n’est pas exclu qu’il se décide à franchir le Rubicon en déclarant ouvertement une guerre sans merci à Goïta et ses camarades si rien n’est fait dans le sens d’arrondir les angles entre eux et l’Imam. Dès lors, il devient urgent pour les deux parties de se parler rapidement afin de trouver un juste milieu dans la conduite de cette période charnière et fragile que connait le Mali depuis le 24 mai 2021. Mise au banc des organisations sous régionales, continentale et internationale, la junte militaire malienne doit œuvrer à faire l’économie d’une nouvelle adversité (surtout interne) en évitant un bras de fer avec Mahmoud Dicko dont la capacité de nuisance n’est plus à prouver. Plus que jamais, dans ce pays où la junte peine à fédérer les forces vives de la nation autour des assises nationales en projet, il serait très risqué de se mettre à dos un Imam de la trempe de Mahmoud Dicko. Alors prudence mes colonels!
Davy Richard SEKONE


COMMENTAIRES