Trêve mortuaire en Guinée-Conakry : Les cadavres constitutionnels s’allongent

Trêve mortuaire en Guinée-Conakry : Les cadavres constitutionnels s’allongent

C’est la trêve en Guinée-Conakry. Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), le collectif de partis, de syndicats et de membres de la société civile, a décidé de «cesser le feu» le temps de pleurer les morts dans ses rangs et de permettre aux Guinéens de se ravitailler.

Pendant ce temps, la campagne électorale pour les législatives a ouvert ses portes jusqu’au 14 février 2020, pour donner l’opportunité aux candidats de faire valoir leurs arguments.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette trêve ressemble fortement au calme qui s’abat sur la nature avant que la tempête n’éclate. Les opposants au troisième mandant du président Alpha condé sont visiblement en train de se refaire des forces dans l’optique de maintenir la mobilisation contre les desseins de l’opposant «historique» qui est en train de vouloir s’accrocher  tout aussi historiquement à  la branche du pouvoir. Un peu comme s’il voulait se venger de cette longue traversée du désert qu’il a subie dans la barque étroite et inconfortable de l’opposition.

Pas besoin de dire que la campagne pour les législatives subira cette volonté d’en découdre qui semble animer ceux et celles qui  veulent voir le président guinéen s’en tenir au terme constitutionnel de son mandat. L’opposition n’étant pas partante pour ce qu’elle qualifie d’entourloupe de la part du chef de l’Etat, une non légitimation de ce scrutin va certainement s’en suivre.

Dans quelles conditions les candidats, majoritairement de la majorité présidentielle, vont-ils s’adresser à leurs compatriotes ? A quels compatriotes s’adresseront-ils d’ailleurs étant donné qu’apparemment presque toute la Guinée descend dans les rues aux appels lancés par le Front ?

Assurément, Alpha Condé s’est engoncé dans une situation inconfortable. C’est vrai que jusqu’à présent il souffle sur le chaud et le froid et ne dévoile pas expressément son intention de ménager une porte pour pouvoir postuler à un autre mandat dans la réforme constitutionnelle qu’il compte proposer. En laissant toutefois des Guinéens perdre la vie dans ces différentes manifestations contre son intention non exprimée, le président Condé ne laisse guère de choix de penser qu’il veut rester calife à la place du calife.

La véritable question est de savoir pendant combien de temps il continuera à laisser souffrir ses compatriotes et combien d’entre eux compte-t-il envoyer ad patres avant d’entendre raison… ou avoir raison sur ses concitoyens. Et cette question deviendra obsolète lorsque la porte du non-retour sera franchie, si elle ne l’est pas déjà… .

Ahmed BAMBARA

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