Burkina Faso, insurrection An V : Que sont les valeurs de cet harmattan politique devenues ?

Burkina Faso, insurrection An V : Que sont les valeurs de cet harmattan politique devenues ?

Soyons honnêtes, le Burkina Faso a eu une bonne transition cornaquée par un sage M’Ba Michel. Relativement courte, 13 mois, balisée par une Charte, qui quoique taxée d’appendice gênante de la Constitution, aura permis de cahoter jusqu’aux élections de novembre 2015.

Une transition est par essence, la période de tous les possibles, bon et mauvais, et si durant cet intérim politique, OSC, syndicats et politiciens, chacun en ce qui le concerne a tiré la couverture de l’insurrection sur lui, ce fut une période propice à l’implémentation de valeurs, du moins, beaucoup de Burkinabè le croyaient. Que sont les valeurs de ce chaud harmattan politique  devenues un quinquennat après ?

L’insurrection burkinabè a été une résultante d’actions protéiformes datant depuis des années qui se sont accentuées notamment depuis l’assassinat du journaliste Norbert Zongo le 13 décembre 1998. On a beau dire les révolutions arabes ont bien traversé le Sahara pour décoiffer au Sahel Blaise Compaoré qui totalisait 27 ans de pouvoir. Mais cette insurrection s’est voulue une remise des pendules politiques à l’heure de l’alternance.

Une alternance impossible sous le deus ex machina du Faso, qui plus est s’il parvenait à tripatouiller l’article 37 ouvrirait la voie à un règne ad libidim ad aeternam ! Légalement, l’ex-n°1 burkinabè pouvait le faire, mais le peuple burkinabè dans son grand ensemble n’en voulait pas de ce bonus.

Vent du boulet démocratique, espérance de mobilité politique, professionnelle et surtout espoir de lendemains meilleurs avec les élections. Voilà le ferment qui a poussé les insurgés des 30 et 31 octobre 2014, à sortir.

Lutter contre la frénésie manducatoire, l’injustice, la malgouvernance, telles sont entre autres les raisons de la colère de  ces ‘’Jean-Valjean’’ de 2014.

Vint l’élection de Roch Kaboré, porté par le peuple burkinabè dont les insurgés, un président bien élu qui avait la légitimité et la légalité.

Le 2e président civil promit de concrétiser la lutte de ses compatriotes, par un nouveau contrat social. Ainsi, au plan de justice, on peut toujours épiloguer à l’envi, la justice est indépendante et des dossiers emblématiques ont bougé :ceux de Thomas Sankara, Norbert Zongo, en attendant d’autres. Même s’il est vrai qu’on peut mieux faire. La gouvernance vertueuse ? L’opinion reste mitigée sur le sujet : si l’ampleur de la prévarication a diminué, cela se passe maintenant dans un cercle, si fait que certains proches du pouvoir recommencent la même morgue et à dupliquer les mêmes mœurs décriées sous le régime tombé.

Peut-on parler de l’après-insurrection, sans évoquer cette présence ombrageuse de cette myriade d’OSC ? Oui, elles ont joué un rôle dans ce soulèvement, oui, il leur faut dire chapeau bas.

Mais, cette société civile est devenue le problème du régime élu. Si certaines OSC sont sérieuses, crédibles la plupart n’a d’OSC que de nom, n’existe que médiatiquement, et sont des petites excroissances d’officines politiques. Pire, certaines ont impacté négativement l’actuel pouvoir, qui par souci de retour à l’ascenseur ( ?) laisse faire. Pourtant, convenons-en : la transition, c’est terminé! Or par moment transpire encore les miasmes d’une sorte de transition-bis ou dévoyée.

Le nihilisme syndical qui paralysa l’administration burkinabè en 2018 et se poursuit de temps en temps, les ruades de corporations professionnelles sont un legs (empoisonné ?) de l’insurrection, car l’après-Blaise est comparable à un défouloir, et tout le Burkina est devenu un territoire-exutoire pour peuple longtemps maintenu sous une chape de plomb.

Hélas, trop de démocration version insurrection, est nocive pour la démocratie, car même celles prophétisées par Rousseau  ou Tocqueville n’existent nulle part y compris dans les pays scandinaves ! La démocratie, c’est le pouvoir de la majorité encadrée par des lois.

Au Burkina, 5 ans après cette violente tornade qui a mis  fin à l’interminable pouvoir de Blaise, le Burkina Faso cherche toujours ses marques, le pouvoir élu n’a pas démérité, mais hélas il n’est pas aidé par ce pathos surgit de nulle part et de partout, le terrorisme, qui fait même que des Burkinabè en viennent à regretter ce thermidor d’octobre 2014.

Sam Chris

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