Soro condamné à 20 ans par la justice ivoirienne : Fin d’une résistible ascension ou énième épisode d’une saga politico-judiciaire ?

Soro condamné à 20 ans par la justice ivoirienne : Fin d’une résistible ascension ou énième épisode d’une saga politico-judiciaire ?

La résistible ascension en dents de scies vers l’impérium de Guillaume Soro, est-elle définitivement terminée avec sa condamnation hier 28 avril par la justice de son pays à 20 ans de prison ?

L’éclaircie de l’Ordonnance de la Cour africaine des droits de l’homme (CADH), qui avait enjoint d’annuler le mandat d’arrêt contre l’illustre exilé ivoirien de Paris est-elle frappée de nullité ? Une chose est sûre, les juges ont suivi le dur réquisitoire du procureur Richard Adou, qui avait requis cette peine qui est d’ailleurs assortie d’une amende de 4,5 milliards de F CFA, la privation des droits de Soro et l’émission d’un nouveau mandat d’arrêt.

L’achat d’une villa forcement cossue au quartier Marcory-Résidence en 2007, objet du délit enrobé dans le qualificatif de «recel de détournement de deniers publics» vaut à l’ex-chef de la rébellion ivoirienne cette lourde peine.

Un verdict qualifié de «coup de tonnerre dans le ciel de la corruption», par Me Abdoulaye Ben Maité, l’avocat de l’Etat ivoirien, qui invoque une volonté des autorités de traquer tous les ripoux à col blanc.

Une opération mains propres, qu’on aurait applaudi à tout rompre, si évidemment le célèbre condamné n’avait pas ce statut, ce parcours politique, ses ambitions nationales et ses liens anciens avec le pouvoir qui lui a collé ce procès au dos.

Ses avocats qui ont boudé ce jugement par le tribunal correctionnel, ses amis et partisans politiques, ont vite fait de  crier avec Cicéron que «Sumum jus sumum injuria», la plus grande justice peut être la plus grande injustice ! Invalidant le délit brandi par les juges et  arguant que la fameuse luxueuse villa-palais a été un don du président Laurent Gbagbo, une libéralité qui a touché plusieurs personnes qui avaient subi des préjudices dans la crise politique du pays.

Naturellement les ouailles de Soro crient au déni de justice, à un procès politique pour écarter un candidat sérieux de la présidentielle du 31 octobre 2020.

Convenons qu’un mandat d’arrêt, un procès avec une lourde condamnation d’un  candidat déclaré à une présidentielle, surtout à quelques encablures de cette échéance ne peut que susciter interrogations, et supputations.

Non pas que Soro ne soit pas un justiciable comme tout Ivoirien, il l’est doublement même, car un crime économique d’un haut responsable s’apparente à une haute trahison et doit être réprimé. Mais depuis qu’il a refusé d’adhérer au RHDP, on l’aura constaté, entre Soro et le président Ouattara, c’était la guerre feutrée d’abord puis frontale ensuite via les médias et les réseaux sociaux.

Il est vrai qu’en se transformant en grand imprécateur du chef de l’Etat, sitôt écarté des instances du pouvoir, Soro ne laissait guère le choix au pouvoir qui se défend.

Mais si Thuriféraires et contempteurs du «petit Sénoufo devenu grand» de Ferké s’étripent autant, c’est que quelque part, Soro représente quelque chose, politiquement. Quoi exactement ? Seul le feu du Suffrage universel pourrait le déterminer, soit, il se brûle les ailes, soit il est oint par les électeurs.

Encore faut-il pouvoir participer à cette compétition. Le réprouvé parisien n’en doute pas, et depuis les bords de la Seine, il martèle,  qu’en dépit du glaive judiciaire tombé sur sa tête il reste présidentiable et qu’il gagnera. Comment ? Pourra-t-il revenir en Côte d’Ivoire  comme l’affirme son chargé de communication Moussa Touré, après l’accalmie du Covid-19 pour battre campagne ? Sera-t-il arrêté ? C’est certain, les caïmans de la lagune Ebrié n’ont pas fini de régler leurs contradictions et la présidentielle demeure une problématique à multiples inconnues.

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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