100 jours de Félix Tshisekedi en RDC : L’introuvable gouvernement ou la fable de la grenouille et de la grue

100 jours de Félix Tshisekedi en RDC : L’introuvable gouvernement ou la fable de la grenouille et de la grue

La RD Congo qui ahanait depuis 2016 date de la fin du bail constitutionnel de Kabila la RDC qui souffrait, à organiser des élections, était parvenu grâce à l’Accord de la Saint Sylvestre à les tenir. Tshisekedi, élu contesté, mais finalement accepté ne s’est toujours pas émancipé de celui qui a facilité son accession à l’impérium: Kabila.

100 jour comme président et impossible pour lui de former un gouvernement, à commencer par la nomination d’un premier ministre qu’il annonce pour imminent. Mais quel premier ministre ? Sera-t-il un homme de Tshisekedi ou un pion de Kabila le deus ex-machina politique congolais de ces 10 dernières années ?

Il y a cette célèbre image qui orne des murs de lieux de travail. Elle circule aussi sur les réseaux sociaux. Et elle raconte une histoire. Celle de la grue, qui perchée sur ses longues  échasses qui lui servent de pattes, dominent la mare. De ses yeux perçants, elle scrute la fange, à la recherche d’un poisson peu précautionneux et non attentif au grand danger qui place sur ses nageoires.

C’est ainsi qu’elle vit une grenouille fendre l’eau calme, à la recherche elle aussi de sa pitance quotidienne. La grue, dépliant avec vivacité son long cou, réussit à saisir le batracien par la tête et le diriger vers son gosier.

La grenouille ne voulait pas s’avouer vaincue aussi facilement.  Ses pattes réussies à saisir le cou de sa dévoreuse, l’empêchant ainsi de terminer son repas,  mais surtout,  la plaçant dans une situation fort inconfortable. Qui des deux lâchera prise la première ? Car, assurément, si la grenouille cesse de se battre, elle filera certainement vers l’estomac de l’oiseau qui pourra alors dire, « ce repas m’a fait voir de toutes les couleurs » ! Par contre, si la grenouille rejette son gibier, ce dernier pourra prier tous les saints de la race batracienne qu’elle l’a échappé belle. Quoi qu’il en soit, leurs intérêts sont bien divergents et l’entente risque de ne pas être dans l’ordre normal des choses.

C’est bien cette fable, à quelques différences près, qui déroule ses cordes en République démocratique du Congo. Difficile de dire qui est la grenouille et qui est sous la plume de l’oiseau. Quoi qu’il en soit, Tshisekedi et Kabila n’ont pas les mêmes intérêts. Le désormais ancien président congolais veut sauver ses arrières. Il a quitté le palais présidentiel mais veut continuer à diriger le pays. Une direction qui a certainement pour objectif de le remettre en selle à l’issue du mandat de Félix Tshisekedi. Ce dernier apparaît alors sous les traits d’un agent porteur, qui permet à Kabila de régner sans porter les attributs que lui conteste le monde entier.

De l’autre côté, le fils de Tshisekedi peut difficilement renier le combat que son père a mené. Difficile de rester seul la nuit face à la conscience de cet homme qui est mort avec, au cœur, la volonté de renverser un homme. Un  combat de toute une vie. Un combat qui ne peut être bafoué par un fils.

Félix Tshisekedi veut donc défaire Joseph Kabila. Et tout son système. Et pour jouir de toutes les potentialités du pouvoir. S’il dit le contraire, on pourrait se demander qu’est-ce qu’il fait donc au palais présidentiel. Mais les choses ne sont pas aussi simples. L’ancien président a la réalité du pouvoir. L’Assemblée nationale est sous sa coupe. Les assemblées provinciales sont dans sa poche. Et il bénéficie d’une large marge financière dont les tentacules arrimés aux caisses de l’Etat n’ont peut-être pas encore été coupés par «ses» ministres, qui continuent de jouer les intérimaires dans un gouvernement qui cherche toujours un premier ministre. Au parlement national la messe est dite puisque c’est une militante du PPRD, autrement dit, une ouaille de la galaxie Kabila qui monte au perchoir.

Et Félix Tshisekedi risque de vivre cette désagréable cohabitation pendant tout le reste de son mandat. Du moins, à l’Assemblée nationale. Mais qui tient l’Assemblée nationale tient l’Exécutif. Comme  quoi donc, la grue a avalé la tête de la grenouille qui tient le cou de la grue. Une drôle de danse dont on est intéressé le pas final. L’identité du chef du gouvernement renseignera sur comment sera le mandat de «Fatschi», car si en plus d’être lesté par un parlement «hostile», Tshisekedi devait voir son programme être mis en musique par un homme-croupion de Kabila, ce serait la totale.

L’introuvable gouvernement, 3 mois après son élection, met le président congolais, dans une position pour le moins bancale et nul ne sait comment sera ce «Medvedev» de l’Afrique centrale. Par contre, le Poutine-Kabila sait ce qu’il compte faire.

Ahmed BAMBARA

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