13 jeunes tués en Casamance : Crimes crapuleux ou reflux  irrédentistes ?

13 jeunes tués en Casamance : Crimes crapuleux ou reflux  irrédentistes ?

Partis de la commune de Borofaye près de Ziguinchor pour couper du bois dans la forêt de Bayottes, frontière à la Guinée-Bissau, 13 jeunes ont plutôt croisé la grande Faucheuse ce 6 janvier 2018 sous les traits d’une quinzaine d’individus armés, qui les ont tirés comme des lapins.

9 autres personnes ont été blessées. Et revoilà la Casamance qui se retrouve ensanglantée, sans qu’on ne sache s’il s’agit de règlements de compte ou d’actes de bravades sécessionnistes. S’il est vrai que dans des départements tels Seydou Kolda Vélingara, Ouissine Biyona… le ramassage de bois est dans les pratiques des villageois mais, depuis un certain temps, des comités de vigilance  contre le pillage de bois ont vu le jour, et il n’est pas rare que surviennent des escarmouches entre les coupeurs de bois et ces vigies forestières. En novembre dernier par exemple, ces justiciers de la forêt ont puni de sévices corporels, des gents venus chercher du bois au Sud-Ouest de Ziguinchor. Mais si justement la question se pose de savoir si les tueurs des 13 civils ce samedi 6 janvier 2018, sont ces ‘’Zembla’’ de la forêt ou des guerriers de la rébellion casamançaise, c’est qu’il existe désormais une connexion entre les deux mouvements, si fait que la ligne de  démarcation entre vigiles des forêts casamançaises et rebelles indépendantistes du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) n’est plus si tenue que ça !

Et revoilà peu ou prou les miasmes de cette sécession casamançaise, qui depuis ce 26 décembre 1982, jusqu’à  nous jours a connu des hauts et des bas sans que pour autant la paix véritable puisse s’y implanter. Et ce n’est pas fautes de tentatives de mâter le MFDC, ou de trouver un modus vivendi : il y eut en effet, les affrontements sanglants entre l’armée et le mouvement en août 90, les accords de cessez-le-feu le 31 mai 1991, le 26 décembre 1999 à Banjul et le 30 décembre 2004. Las ! Ni ces paix fourrées, ni les décès du SG du MFDC, Sidhi Badji en 2003 et celui de sa célèbre figure politique, l’abbé Diamancoune Senghor à Paris en janvier 2007 encore moins les rivalités intra-MFDC n’ont pu mettre fin à ces revendications identitaires. Au début de son mandat en avril 2000, le président Abdoulaye Wade avait donné 100 jours  pour résoudre le conflit casamançais ! On sait ce qu’il est advenu de cette promesse qui s’apparentait plus à une lubie d’un vieil opposant devenu président, qu’à autre chose. Son successeur Macky Sall, semble prendre la question aussi au sérieux, en témoigne son appel, lors des vœux présidentiels de fin d’année. «Nos progrès sont déjà substantiels par le dialogue confiant que nous avons poursuivi toutes ces années avec le soutien constant des facilitateurs…».

 Et pas besoin de jouer aux devinettes pour savoir que les facilitateurs ont pour noms, les soldats de la paix de la communauté Sant’Egedio du Vatican qui, depuis quelques années, œuvrent à rapprocher des positions complètement parallèles. Si face à l’assassinat de ces 13 jeunes qui constitue un pied de nez à ces négociations, de même qu’une énième provocation à l’Etat, lequel dans son rôle régalien a dépêcher assistance sanitaire et soldats parachutistes sur les lieux, si donc la situation en Casamance, paraît inextricable et un casse-tête étatique vieux de 40 ans, rien n’est désespérant, si l’on s’en tient aux propos, d’un des derniers chefs du mouvement armé, Salif Sadio. Ce dernier, tout en déplorant la lenteur de Dakar compte sur les docteurs es crises de la communauté vaticane, qui, bien que privée de la facilitation de l’ex-n°1 Gambien, Yaya Jammeh, progresse dans leur médiation.

Avec ce nouveau reflux irrédentiste casamançais, Macky Sall est contraint de suivre au pas près, ce dossier brûlant, et dont les braises incandescentes ne se sont jamais éteintes, et qui, malheureusement n’émeuvent pas la communauté internationale. La Casamance n’est ni Raqaa ni Mosool, ni la Catalogne,  à la limite, peut-être, la France s’y intéressera pour des raisons historiques avec le Sénégal, ou encore quelques touristes qui s’y rendaient. Rien de plus. C’est donc au Sénégal, de trouver un gentlemen agreement avec ces indépendantistes, rien que pour épargner des vies humaines, et réaffirmer le caractère indivi du pays de la Téranga.

Sam Chris

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